PARIS (Reuters) - L'équipementier automobile français Faurecia flambe lundi en Bourse après avoir remporté la bataille pour le contrôle du spécialiste allemand de l'éclairage automobile Hella, renforçant au passage sa présence dans les composants de véhicules électrifiés et connectés.

L'ensemble de l'industrie automobile est engagé dans une course contre la montre pour développer son offre de voitures électriques et hybrides, tournant le dos aux technologies essence et diesel traditionnelles plus polluantes et émettrices de CO2.

L'offre de Faurecia, qui valorise Hella à 6,7 milliards d'euros dette comprise, constitue un nouveau saut stratégique pour le groupe né en 1998 de la fusion entre les sièges automobiles de Bertrand Faure et l'équipementier Ecia, filiale de PSA. Une quinzaine d'années plus tard, Faurecia avait vendu ses activité pare-chocs pour se concentrer sur les sièges, la dépollution et le cockpit du futur.

"Nous voulions avoir davantage d'électronique, davantage de logiciels. Nous voulions nous concentrer sur des domaines en phase avec les mégatrends", a expliqué au cours d'une téléconférence le directeur général de Faurecia, le franco-allemand Patrick Koller qui a déjà par le passé travaillé plusieurs années chez Hella.

Parmi ces grandes tendances, Patrick Koller a cité les aides électroniques à la conduite et la réduction des émissions.

A 12h15 GMT, l'action Faurecia grimpait de 9,8% à Paris tandis qu'à Francfort, le titre Hella reculait de plus de 3%.

REDUIRE L'EXPOSITION AU THERMIQUE

S'il n'entend pas céder sa division "mobilité propre", le groupe inventeur du filtre à particules dans les années 2000 s'attend à ce que le poids de ses activités liées aux moteurs thermiques fonde à 10% environ de son chiffre d'affaires total en 2025, contre 25% aujourd'hui.

Faurecia est également très intéressé par l'expertise de Hella dans l'éclairage, à un moment où le développement rapide des LEDs constitue pour les constructeurs un levier puissant pour réduire la consommation et inventer de nouveaux codes en matière de design.

"Un deal positif: relutif à deux chiffres pour le bénéfice par action avec une structure financière durable", commentent dans une note les analystes d'Equita, qui restent à l'"achat" sur Faurecia.

L'accord a été conclu au cours du week-end avec un groupe d'actionnaires liés à la famille Hella sur leur participation de 60% pour 60 euros par action. Faurecia proposera un prix identique aux autres actionnaires.

Hella sera retiré de la cote si le taux d'acceptation de l'offre de Faurecia atteint 95%, mais sans cela les synergies de revenus de 300 à 400 millions d'euros d'ici 2025 seront toujours atteintes, a précisé le groupe. La structure de Hella donne à Faurecia le plein contrôle à partir de 60% du capital.

L'opération devrait être bouclée début 2022. Le groupe né de la fusion aura un chiffre d'affaires proforma de 23 milliards d'euros en 2021, qu'il entend porter à 33 milliards d'ici 2025.

(Reportage Sudip Kar-Gupta, Gilles Guillaume et Sarah White à Paris, Alexander Huebner à Munich, édité par Blandine Hénault)

par Sudip Kar-Gupta et Gilles Guillaume