L'équipementier automobile, détenu à 46% par PSA, a fait état lundi d'une baisse de 13,5% de ses ventes en valeur au premier trimestre à 3,739 milliards d'euros, soit -19,7% à périmètre et changes constants.

Faurecia, qui dispose de 1,4 milliard d?euros de liquidités grâce à un prêt à court terme de 800 millions d'euros signé le 10 avril et aux 50% restants non tirés d'une ligne de crédit syndiquée (600 millions d'euros), a fait toutefois mieux que la production automobile mondiale qui a chuté de 23,6% sur la période.

"Nos ventes au premier trimestre ont été fortement affectées par la crise mondiale du Covid-19. Cette crise a touché la Chine tout au long du trimestre, avec un pic en février, puis le reste du monde à partir de mars", a rappelé le directeur général Patrick Koller dans un communiqué.

"Alors que les activités en Chine ont effectivement redémarré, nous prévoyons que le deuxième trimestre se révélera plus difficile en Europe et en Amérique du Nord", a-t-il ajouté.

Au cours d'une téléconférence avec des analystes, le directeur financier Michel Favre a précisé que sur ces deux zones géographiques, qui représentent près de 80% du chiffre d'affaires du groupe, les ventes seront "quasi nulles" en avril, qu'elles enregistreront une "amélioration progressive" en mai, mais à un niveau toujours bas, avant une embellie plus sensible en juin et plusieurs scénarios de reprise du marché ensuite.

DECISION SUR LE DIVIDENDE "EN TEMPS VOULU"

Faurecia, dont 90% des opérateurs sont au chômage partiel en Europe et en Amérique du Nord, est prêt à épouser le redémarrage de la production de ses clients constructeurs, qui devrait s'étaler entre la mi-avril et la première quinzaine de mai selon l'état des stocks, a dit Michel Favre.

"Le redémarrage réussi de nos activités en Chine servira d'exemple pour une reprise en toute sécurité ailleurs dans le monde", a-t-il ajouté. "Cette période conduira à un nouveau paradigme économique basé sur la résilience, ainsi qu'une collaboration et un soutien plus solides de l?ensemble de la chaîne d'approvisionnement."

Signe d'un possible changement d'approche dans une filière marquée traditionnellement par des relations très dures sur fond de chasse permanente aux coûts les plus bas, Faurecia a exposé cette approche début avril par téléconférence à un millier de ses fournisseurs.

Au total, le groupe s'attend à ce que sa consommation de trésorerie atteigne un milliard d'euros sur l'ensemble du premier semestre, "voire légèrement davantage", et qu'il renoue avec une génération de trésorerie à compter du second semestre.

Faurecia a également décidé de reporter au 26 juin son assemblée générale annuelle, d'ici laquelle il prendra "la décision qui s'impose en temps voulu" sur son dividende, a indiqué Michel Favre aux analystes.

L'Etat français demande aux entreprises ayant recours au chômage partiel, financé en majeure partie sur les deniers publics, de revoir la rémunération de leurs actionnaires, mais Faurecia n'a pas encore modifié son projet de leur verser au titre de l'exercice passé 1,30 euro par action - contre 1,25 euro l'année précédente.

Le président de l'équipementier, Michel de Rosen, et le directeur général Patrick Koller, ont en revanche d'ores et déjà décidé de réduire leur rémunération de 20% "pour au moins le deuxième trimestre", une initiative à laquelle s'est rallié l'ensemble du comité exécutif.

Après une ouverture en nette baisse, l'action Faurecia grimpe à 11h20 (09h20 GMT) de 4,7% à 32,69 euros.

(Blandine Hénault et Gilles Guillaume, édité par Jean-Stéphane Brosse)

par Gilles Guillaume