La France a bloqué un accord qui aurait permis le rachat de deux fabricants français de vannes utilisées dans les réacteurs nucléaires et appartenant à des intérêts canadiens, parce qu'elle ne pensait pas que les engagements pris par le soumissionnaire américain Flowserve étaient suffisants, a déclaré une source du ministère des finances.

Flowserve, qui fabrique des pompes et des vannes, a déclaré jeudi qu'elle renonçait à son projet de rachat, pour 245 millions de dollars, de la société Velan, basée à Montréal, dont les filiales françaises Segault et Velan SAS fabriquent des vannes utilisées dans les centrales nucléaires, les sous-marins et les porte-avions.

"Le ministre (Bruno Le Maire) a pris la décision de rejeter les deux acquisitions parce que les engagements de réduction de tous les risques associés à l'opération n'étaient pas suffisants", a déclaré vendredi à la presse une source du ministère français des finances.

Le gouvernement français dispose de pouvoirs étendus pour examiner les projets de rachat d'entreprises françaises qu'il considère comme stratégiquement sensibles, même si les refus catégoriques sont rares.

Le directeur général de Flowserve, Scott Rowe, a déclaré jeudi que l'entreprise s'était efforcée de répondre à toutes les préoccupations de la France.

"Nous ne pensons pas que cette décision soit conforme à l'objectif déclaré du gouvernement français d'encourager les investissements étrangers dans l'économie française", a déclaré M. Rowe dans le communiqué annonçant que Flowserve renonçait à son projet.

Si le président Emmanuel Macron a fait beaucoup d'efforts pour promouvoir les investissements étrangers en France, il a également défendu l'idée de renforcer l'autonomie stratégique de l'Europe par rapport à d'autres régions, notamment en termes de défense et d'énergie.

Certains sénateurs français ont exprimé leur inquiétude quant à ce rachat, notamment parce qu'il pourrait signifier que le gouvernement américain pourrait ordonner à Flowserve de fournir des informations sur ses filiales françaises. (Reportage de Leigh Thomas ; Rédaction d'Alexander Smith)