Tokyo (awp/afp) - Le patron du groupe japonais de bureautique Fujifilm a rendu publique mercredi soir à Tokyo une lettre adressée à son homologue de l'Américain Xerox, lui reprochant vertement d'avoir décidé de rompre l'accord de fusion entre les deux de façon malhonnête pour les actionnaires.

Xerox prévoyait de se fondre dans la société commune d'imprimantes et de photocopieurs Fuji Xerox, déjà existante, passant de fait sous le contrôle de Fujifilm.

Mais à l'issue d'un feuilleton à rebondissements, le fabricant américain a renoncé en mai à s'unir au japonais, sous la pression de deux actionnaires activistes, Carl Icahn et Darwin Deason, qui bataillaient fermement contre ce projet, le jugeant contraire aux intérêts du groupe et s'estimant lésés.

"C'est Xerox qui nous avait initialement approchés pour cette transaction. Nous avons débuté des discussions en pensant qu'une fusion pouvait être bénéfique pour les deux parties, particulièrement pour Xerox compte tenu de la réduction de la demande et de ses faibles parts de marché sur son territoire", rappelle Shigetaka Komori dans le courrier nommément adressé à John Visentin, PDG de Xerox.

La raison invoquée pour suspendre la transaction "est un prétexte à peine voilé pour négocier un prix plus élevé de la part de Fujifilm, à la demande de deux actionnaires minoritaires", lance M. Komori.

"Xerox doit prendre toutes les dispositions pour permettre à l'ensemble de ses actionnaires de décider par eux-mêmes s'ils approuvent ou non la fusion", insiste-t-il.

Et d'affirmer ensuite être prêt à défier Xerox sur les marchés américain et européen avec les produits Fujifilm, en réponse aux menaces de la société américaine de venir vendre ses produits en Asie en ne renouvelant pas, en 2021, l'accord entre les deux selon lequel chacun a son territoire où l'autre ne le concurrence pas.

Fujifilm, furieux que le projet de rapprochement ait été unilatéralement abandonné par Xerox, a engagé il y a une dizaine de jours une action en justice contre son partenaire américain, lui réclamant plus d'un milliard de dollars de dommages et intérêts.

afp/al