On peut s'interroger sur l'intégrité de la comptabilité de Gitlab puisque depuis un certain temps son auditeur KPMG exprime de vives inquiétudes — en Anglais dans le texte : "adverse opinion" — au sujet de celle-ci. 

Quelque chose clocherait-t-il derrière la croissance météorique de l'entreprise ? Le chiffre d'affaires a doublé en deux ans, mais le nombre d'actions aussi ; en parallèle, la perte d'exploitation de grosso modo $200 millions reste identique. 

Cette dernière est presque exclusivement liée aux rémunérations en stock-options. Comme de coutume dans le paysage de la tech américaine, ces dernières représentent un tiers du chiffre d'affaires — du chiffre d'affaires, pas du profit. On croit rêver.

Gitlab conserve $1 milliard de trésorerie en excédent. A ce rythme, l'entreprise peut encore tenir cinq ans. C'est peut-être le plan des insiders — collecter un maximum de stock-options jusqu'à ce que la musique s'arrête. Tout ceci aux frais des actionnaires bien sûr.

Ces excès n'expliquent pas les précautions prises par KPMG, qu'on a pourtant connu plus conciliant. Le cabinet d'audit pointe des procédures de contrôle interne inadaptées. Quelque chose pourrait par exemple ne pas tourner rond dans la politique de reconnaissance des revenus. C'est souvent à ce niveau que les ennuis commencent. 

Il n'est pas dit que Gitlab ait recours à des méthodes frauduleuses, bien sûr, même di le comportement des membres de l'équipe de direction n'infirme certainement pas les soupçons : tous s'empressent en effet de vendre les actions qu'ils reçoivent gratuitement. 

Payé la coquette somme de $27 millions en options l'an passé, le directeur général Sid Sijbrandij s'est par exemple débarrassé dès qu'il a pu de ces titres.