Le leader mondial de l’évènementiel a connu une forte accélération de son activité au second semestre après 18 mois très compliqués qu’il aura finalement traversés sans faire appel au marché. Les dispositifs gouvernementaux auront joué un rôle salutaire pour GL events et toute la filière évènementielle en France et à l’international. Sans pour autant empêcher le poids lourd lyonnais d’essuyer les premières pertes de son histoire et son cours de Bourse de revenir 21 ans en arrière…Depuis, le cours s’est fortement repris et le PDG et fondateur Olivier Ginon a même renforcé sa participation dans cette société familiale où la relève devrait être assurée par la jeune génération.
Une activité qui revient progressivement à la normale
Sylvain Béchet, GL events a réalisé une fin d’année très satisfaisante. Est-ce un phénomène de rattrapage après un très mauvais début d’année ?
" Nous avons réalisé au 2e semestre 92% du CA réalisé à la même période en 2019 et 72% de l’activité 2021. Sachant que certaines zones étaient partiellement ouvertes. Il y a eu certes un phénomène de report de certains évènements sur la fin d’année mais clairement, depuis le 3e trimestre 2021, avec la levée des contraintes sur les rassemblements puis la mise en place du pass sanitaire, la reprise est là. Cette bonne performance, conjuguée aux mesures d’économie de coûts et de préservation de notre structure financière, nous permet d’afficher un retour à la rentabilité et une liquidité renforcée. Pour 2022, sous réserve de l’évolution de la situation sanitaire et géopolitique, le Groupe anticipe la poursuite du rebond de l’activité, avec une saisonnalité encore marquée au S2. En effet, le mois de janvier a été perturbé notamment en France et certains pays, notamment en Amérique Latine, restent contraints. Quant à la situation en Ukraine, nous ne prévoyons pas d’effet direct significatif car nous n’avons pas d’activité dans la région et très peu de clients exposants ukrainiens ou russes. "
Evolution de l’activité et de l’Ebitda depuis 2018 (source : GL Events)
Votre proposition de valeur aura-t-elle connu une évolution au sortir de cette crise ?
" Notre organisation et nos actifs, à quelques concessions volontairement non renouvelées près, ont été préservés. Notre offre digitale, balbutiante en début de crise, a gagné au moins 3 ans. Nous offrons aujourd’hui à nos clients la possibilité d’organiser des évènements et salons ‘phygitaux’ et nos concessions sont équipées pour les organiser. Cela facilite grandement la tenue des salons internationaux pour lesquels le retour à la normale prendra davantage de temps là où le national et le local ont retrouvé tout leur attrait et même peut-être davantage qu’avant crise. En effet, cette crise a montré combien les Hommes avaient besoin de se rencontrer en présentiel et préfèrent, quand les deux options leurs sont offertes, les évènements physiques. Disons que le digital est une bonne alternative pour garder contact et pour éviter les longs déplacements. Par ailleurs, nous avons amélioré notre offre RSE avec des espaces dédiés à ces thématiques dans maintenant la quasi-totalité de nos salons. Forts de ces atouts, nous attendons un retour au très bon niveau d’activité réalisé en 2019 à l’horizon 2023. "
Le paysage concurrentiel a-t-il évolué ?
" La filière a été très impactée mais les dispositifs gouvernementaux ont été à la hauteur un peu partout dans le monde et en particulier à destination des petits acteurs potentiellement plus fragiles. Certains salons ont disparu là alors que nous avons tenu à maintenir les nôtres mais je dirais que ce fut seulement un accélérateur de tendances pour ces salons. La consolidation du secteur sera donc limitée. Pour nous, cela s’est traduite par une petite acquisition en région parisienne : Créatifs, un acteur de référence des installations générales et de la création de stands. La société, qui emploie une soixantaine de personnes, réalise 25 M€ post covid."
GL Events a dû réaliser des plans d’économies massifs en 2020 et 2021. Qu’en restera-t-il et à quelle marge pourrez-vous prétendre une fois revenus à votre activité normative ?
" En 2021, GL events a réalisé un résultat opérationnel courant de 72,6M€ contre une perte opérationnelle courante de -63M€ en 2021. La marge opérationnelle courante est ainsi ressortie à 9,8% soit un niveau proche de celui d’avant crise, sachant qu’au S1 nos pertes opérationnelles ont été partiellement compensées par 45 M€ d’aides gouvernementales. Cette bonne performance annuelle tient aussi au plan d’optimisation des frais fixes avec 115 M€ d’économie réalisées par rapport au 31 décembre 2019 (vs 188 M€ à fin 2020). Pour l’exercice 2022, nous ambitionnons de conserver 20 à 30 M€ d’économies de frais fixes, ce qui permettra à notre profitabilité, moyennant une revalorisation de nos tarifs, de mieux supporter les hausses de coûts (transport, énergie, matières premières, salaires, etc.) attendues d’ici 2023. L’un dans l’autre, nous serions satisfaits de retrouver en 2023 les bons niveaux de marge atteints lors de l’excellente année 2019. "
Avec une dette financière nette de 566 M€ à fin 2021 et un cours de Bourse qui a repris des couleurs, une augmentation de capital reste-t-elle écartée ?
" Nous n’avons pas réalisé d’augmentation de capital au niveau du groupe, mais l’ouverture du capital de deux de nos filiales auprès d’investisseurs financiers, à savoir Greater China à hauteur de 23% et GL events Sport à hauteur de 14% nous ont permis de lever respectivement 77 et 10 M€ en 2021. Ceci afin de montrer la valeur de nos actifs et de ne pas pénaliser nos projets de développement à moyen terme. Une augmentation de capital au niveau du Groupe n’est pas du tout d’actualité, avec une liquidité qui s’est fortement améliorée en 2021 et un retour à la normale espéré en 2023. "
Evolution de l’activité et de l’Ebitda depuis 2018 (source : GL Events)