Zurich (awp) - Après des mois de bataille, Glencore a réussi à prendre le contrôle des activités de charbon sidérurgique du canadien Teck Resources. Le géant zougois des matières premières envisage toujours de placer ses activités dans le charbon et l'acier dans une société indépendante et, à terme, de s'en désengager.

Les quatre mines situées à Elk Valley en Colombie-Britannique (ouest du Canada) "complètent notre production de charbon thermique et sidérurgique en Australie, en Colombie et en Afrique du Sud", a expliqué le patron de Glencore, Gary Nagle, cité mardi dans un communiqué.

Dans le détail, le groupe basé dans la petite commune de Baar va débourser 6,93 milliards de dollars (6,3 milliards de francs suisses) en numéraire pour racheter une participation de 77% dans la division Elk Valley Resources (EVR).

La valeur totale d'entreprise d'EVR a été évaluée à 9 milliards de dollars, a précisé Teck dans un communiqué distinct. La vente de cette unité à Glencore permettra au groupe canadien de se recentrer sur les activités dans le cuivre et d'autres métaux. Elle permettra également d'assurer une bonne capitalisation à la société basée à Vancouver, qui précise vouloir "garantir de solides reversements à ses actionnaires".

EVR a produit 21,5 millions de tonnes de charbon sidérurgique - nécessaire à la production d'acier - et a enregistré un bénéfice avant impôts de 6,0 milliards de dollars canadiens (3,9 milliards de francs suisses) en 2022, a détaillé Glencore, ajoutant avoir conclu avec Teck Resources un accord contraignant.

Le japonais Nippon Steel Corporation (NSC) détiendra de son côté une participation de 20% dans EVR et le sud-coréen Posco une tranche de 3%.

A la clôture de la transaction, dont la finalisation est attendue au troisième trimestre 2024, Glencore va également acquérir auprès de Teck, NSC et Posco des titres issus d'un prêt en actions pour 250 à 300 millions de dollars.

Renaturation promise et dialogue avec les Premières nations

L'opération ne doit pas se traduire au Canada par des réductions d'effectifs, a promis Glencore. EVR, qui conservera son siège à Vancouver, va renforcer ses dépenses en capital à hauteur de 2 milliards de dollars canadiens sur trois ans. Les investissements dans la recherche et le développement doivent quant à eux atteindre 150 millions sur la même période.

Le géant basé à Baar s'est par ailleurs engagé "à ce que l'opération soit à l'avantage du Canada, ce qui comprend l'engagement de Glencore pour l'emploi, des efforts supplémentaires de renaturation et un dialogue constructif avec les Premières nations à Elk Valley", a énuméré son directeur général Gary Nagle.

Glencore compte environ 9000 employés au Canada, où il exploite notamment des mines de charbon, de cuivre, de nickel et de zinc, selon son site internet.

Le groupe suisse avait jeté en avril son dévolu sur Teck, espérant alors fusionner avec l'ensemble de l'entreprise pour 23 milliards de dollars, ce que ce dernier avait rejeté.

Glencore a également réitéré son projet de réunir au sein d'une entreprise autonome ses activités polluantes dans le charbon et l'acier au carbone, comprenant notamment EVR, dans un horizon à 24 mois après la finalisation de la transaction. L'opération doit se traduire par une réduction du plafond de la dette nette à 5 milliards de dollars, contre 10 milliards actuellement.

La nouvelle entité devra également être introduite en Bourse, avec une cotation principale prévue à Wall Street et des cotations secondaires au Canada et en Afrique du Sud, a détaillé M. Nagle lors d'une conférence de presse téléphonique.

A la Bourse de Londres, l'action Glencore accélérait de 2,5% à 442,05 pence, dans un FTSE en repli de 0,35% peu avant 11h30.

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