Le groupe de prêt-à-porter a annoncé mardi l'enregistrement de son document de base auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF), qui marque la première étape du processus pouvant conduire à sa mise en Bourse.

Des sources avaient indiqué à Reuters en octobre dernier que le fonds américain KKR, qui contrôle SMCP, avait mandaté les banques UBS et Bank of America Merrill Lynch pour organiser sa sortie et que le groupe pourrait être valorisé à plus d'un milliard d'euros.

"Nous sommes assez confiants de pouvoir réaliser notre introduction en Bourse au premier semestre", a déclaré à la presse Daniel Lalonde, président du groupe, disant vouloir poursuivre la croissance rentable de SMCP et en faire un leader mondial du luxe dit "accessible".

L'opération devrait comporter une augmentation de capital comprise entre 150 et 175 millions d'euros et une cession de parts des actionnaires existants, a-t-il précisé.

L'essentiel de l'offre "primaire" servira à rembourser une dette à haut rendement de 290 millions d'euros, a-t-il dit.

En engageant une possible mise en Bourse, KKR ne se ferme pas pour autant ses autres portes de sortie, comme une cession pure et simple. Le chinois Shandong Ruyi Group compte parmi les candidats au rachat de l'entreprise.

SMCP, porté par un segment de marché en pleine croissance, a doublé son chiffre d'affaires au cours des trois dernières années, grâce à l'ouverture d'environ 120 boutiques par an.

PRIORITÉ A LA CHINE ET AUX ETATS-UNIS

En 2015, sa croissance a atteint 33%, pour un chiffre d'affaires de 675 millions d'euros, et 11% à magasins comparables. En France, où il réalise moins de 50% de ses ventes, elle a grimpé de 9% en comparable dans un marché du prêt-à-porter tout juste stabilisé.

SMCP profite de l'espace laissé vacant par la montée en gamme de marques de luxe comme Vuitton (LVMH) ou Gucci (Kering). Son succès réside aussi dans son modèle : il adopte les codes du luxe (magasins soignés, boutiques proches des grandes marques) et utilise des méthodes de production inspirées des géants de la grande diffusion comme Zara ou H&M, avec des cycles de développement très courts.

SMCP se développe à son tour en Chine, où il compte "seulement" 60 points de vente et où il mise sur l'énorme potentiel de croissance des classes moyennes. Les Etats-Unis, où il détient 115 points de vente, comptent aussi parmi ses priorités.

En France, le réseau devrait être stabilisé, tout comme celui des 33 "outlets" (magasins de déstockage) dans le monde.

En 2015, l'Ebitda (excédent brut d'exploitation) de SMCP a grimpé de 44% à 106,5 millions d'euros pour une marge de 15,8%.

Le groupe vise, d'ici à 2018, une croissance annuelle moyenne de 11% à 13% (+3% à 5% en comparable), tandis que sa dette, qui représentait trois fois l'Ebidta à la fin 2015, devrait être ramenée à moins de deux fois après la mise en Bouse.

Pour porter sa croissance, SMCP table sur le numérique (6,2% des ventes), le développement des accessoires et celui de la ligne masculine de Sandro.

KKR avait pris le contrôle de SMCP en 2013, pour une valorisation de 650 millions d'euros. Le fonds détient aujourd'hui 70% du capital, les familles fondatrices 21,1%, ses anciens dirigeants 7% et le management actuel le solde.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis