Zurich (awp) - Les effectifs des banques en Suisse ont reculé de 1,4% à 90'660 personnes (équivalents plein temps) l'an dernier, ce qui signale un contexte exigeant mais aussi le fait que les établissements dans l'ensemble "relèvent le défi", estime l'Association suisse des banquiers (ASB). Les 248 banques recensées ont accumulé un bénéfice consolidé de 11,5 milliards de francs suisses.

Il s'agit d'une hausse de 17,3% par rapport à 2017, selon le baromètre dédié à la branche publié jeudi par l'organisation faîtière. Les établissements en Suisse "évoluent dans un environnement économique exigeant, marqué par les incertitudes politiques, les restrictions à l'accès au marché et la mutation rapide des structures", précise le communiqué.

La réorganisation est appelée à se poursuivre ces prochaines années, vu la compression des marges et la numérisation du secteur. Etant donné le contexte, "les banques ont affiché un très solide développement en 2018", estime l'ASB. "Elles ont montré leur efficacité, et les effectifs en Suisse n'ont que faiblement régressé." Environ trois banques sur cinq tablent sur une stabilité de l'emploi au second semestre 2019.

Cinq banques en moins

Le nombre de banques a reculé de cinq unités à 248 l'an dernier. Cette baisse concerne les banques régionales et les caisses d'épargne, les banques étrangères et les banques privées.

Si le bénéfice annuel consolidé s'est enrobé de 1,7 milliard de francs suisses (+17,3%), le total des bilans a diminué de 0,8%, à 3225 milliards. Les actifs sous gestion ont baissé de 4,8% à 6943 milliards, en raison "principalement de l'évolution des marchés des actions". Les crédits hypothécaires nationaux ont crû de 3,6%.

Le baromètre indique par ailleurs que la Suisse détient une part de marché de 26,6% dans la gestion de fortune transfrontalière pour clients privés. Elle conserve sa position de leader mondial.

Concernant le recul de 1,4% des employés en Suisse, l'ASB l'explique en partie par des transferts d'emplois vers des entités "intragroupe" non prises en compte dans les statistiques bancaires. Cette évolution "faiblement baissière" des effectifs s'est poursuivie au premier semestre 2019.

La gestion de fortune (Wealth Management) croît moins fortement en Suisse que sur d'autres places financières concurrentes, reconnaît l'ASB. Le pays affiche cependant une croissance nette des actifs sous gestion au cours des dernières années, malgré la réglementation accrue, précise l'association.

En 2018, les actifs privés sous gestion dans les banques en Suisse s'élevaient à 3700 milliards de francs suisses, dont 2300 milliards provenaient des activités transfrontalières (+300 milliards sur les cinq dernières années pour ces dernières activités).

Face aux nombreux défis, commerciaux notamment mais aussi taux bas et pression sur les marges, l'ASB réclame des conditions-cadre fiables pour pouvoir s'imposer dans de nouveaux domaines d'activités. "Les banques n'ont d'autre choix que de se focaliser sur les domaines à forte croissance, comme la finance durable", relève Martin Hess, économiste en chef à l'ASB.

La numérisation, la concurrence de la fintech et des entreprises liées à la blockchain soulignent la nécessité d'innover mais offrent aussi des perspectives de coopération avec les nouveaux acteurs. "Les actifs numériques, le cloud et l'intelligence artificielle sont dans le radar des banques", assure l'ASB.

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