Zurich (awp) - La société immobilière Investis accuse au terme des six premiers mois de l'année un lourd déficit. L'honorable performance opérationnelle a été lestée par un jeu des revalorisations particulièrement défavorable. La direction entend compenser prochainement le manque à gagner en termes de loyer induit par la cession d'immeubles l'an dernier.

A mi-parcours en 2023, la perte nette s'élève à 24,4 millions de francs suisses, à comparer avec un bénéfice de 125,8 millions un an plus tôt. Hors effet de valorisations, la firme zurichoise revendique un bénéfice net de 17,4 millions, inférieur de trois quarts aux 70,5 millions comptabilisés un an plus tôt.

Le handicap des dévaluations s'est élevé à 48,8 millions, alors que les revalorisations avait apporté une contribution de 64,1 millions début 2022.

Le phénomène s'avère plus sévère encore qu'escompté par les analystes consultés par l'agence AWP. La vaste fourchette de prévisions pour le résultat net s'étalait en effet entre -24,1 millions et +21,9 millions.

Sur le plan des recettes, Investis a plus que comblé sur les six premiers mois de l'année l'érosion des revenus locatifs, à la faveur d'une vive croissance dans le domaine des services. Le chiffre d'affaires semestriel a atteint 115 millions de francs suisses, soit 3% de plus que sur la base de comparaison.

Le chiffre d'affaires du segment Properties a fondu de 14,5% à 26,2 millions, quand celui de Real Estate Services a enflé de 8,6% à 90,2 millions.

Revenus locatifs alimentés à l'inflation

Sans s'avancer sur le terrain des perspectives quantifiées pour l'ensemble de l'exercice, la direction affiche sa confiance pour la performance opérationnelle de chacun des deux secteurs d'activité et s'engage à défendre la marge Ebit de 9,9% affichée dans les services. "Cette marge devrait s'établir pour un rien au dessus de 10% en seconde moitié d'année", a laissé entendre en téléconférence de presse le trésorier René Häsler.

Le directeur général Stéphane Bonvin a rappelé que les trois quarts des contrats de location du groupe concentré sur les petits appartements autour de l'Arc lémanique étaient indexés sur l'inflation et non sur le taux de référence hypothécaire. Le renchérissement constaté laisse augurer une augmentation d'au moins 3% des loyers pour les baux en cours, un phénomène inédit depuis 2010.

Résolu à récupérer le manque à gagner en matière d'excédent d'exploitation (Ebit), provoqué par des cessions immobilières en 2022, M. Bonvin constate une nette détente sur le marché immobilier au bout du Léman. "De nombreux institutionnels et particuliers mettent des objets en vente, tout en devant se conformer aux nouvelles conditions. Les prix sont bas," s'est réjoui l'entrepreneur. Il a laissé entendre que des négociations étaient à bout touchant et devraient bientôt faire l'objet d'une officialisation.

Du côté des analystes, Pascal Furger chez Vontobel salue une poursuite de l'amélioration de la performance sous-jacente et rappelle que la base de comparaison était biaisée par le produit des cessions immobilières comme par des gains de revalorisation. L'analyste considère le modèle d'affaires d'Investis unique et prometteur en termes de création de valeur.

A la Bourse, l'action Investis a fini stable à 93,60 francs suisses, dans un SPPI en hausse de 0,68%.

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