L'équipementier américain, dans un communiqué diffusé mercredi soir, a indiqué avoir pris cette décision en raison d'un "désaccord fondamental" concernant l'orientation stratégique de la coentreprise JCS créée en janvier 2006 pour fabriquer des batteries lithium-ion destinées aux véhicules électriques et hybrides.

Johnson Controls aimerait élargir le périmètre de la JV à d'autres marchés, comme le stockage stationnaire d'électricité, mais Saft s'y oppose pour protéger ses technologies.

Réservé à la baisse pendant quelques minutes à l'ouverture du marché, le titre Saft perdait 12,8% à 25,95 euros à 11h40, alors que l'indice SBF120 avançait de 0,77%.

"Cette nouvelle remet fortement en cause la stratégie de Saft dans le domaine du véhicule électrique et brouille toute visibilité à court terme sur une partie des perspectives du groupe", commente Gilbert Dupont dans une note de recherche.

Le broker a abaissé sa recommandation d'"accumuler" à "alléger".

CA Cheuvreux a également dégradé le titre du groupe français après cette annonce, passant de "surperformer" à "sous-performer".

Après avoir participé en France à la première expérience de voiture électrique dans les années 1990, cette fois avec des batteries au nickel, Saft s'est allié avec Johnson Controls pour profiter de l'expérience du groupe américain dans l'automobile.

Dans un communiqué publié mercredi soir, Saft a précisé que la valeur nette d'actif de JCS, dont il détient 49%, était d'environ 45 millions d'euros fin mars et qu'il avait enregistré une perte de 16,9 millions dans ses comptes 2010 au titre de sa participation à 49% dans JCS.

SAFT PEUT CONTINUER SEUL DANS L'AUTO

Johnson Controls, qui a engagé la procédure de dissolution mercredi auprès d'un tribunal de l'Etat du Delaware, a expliqué qu'il souhaitait avoir plus de flexibilité et accéder à des technologies alternatives.

"Le secteur évolue rapidement et les investissements qui seraient nécessaires pour établir une position de leader sur le marché nous conduisent à en faire davantage que ce que la coentreprise peut faire ou a fait", a expliqué Alex Molinaroli, président de la division solutions de propulsion de Johnson Controls, cité dans le communiqué.

De son côté, Saft a dit s'opposer à cette volonté de dissolution en estimant qu'elle ne repose sur aucun motif légitime.

"Johnson Controls a changé de stratégie, l'idée d'étendre le périmètre de la JV aux autres marchés traditionnels de Saft ne correspond pas du tout à la nôtre", a expliqué à Reuters une porte-parole du groupe français.

"Si au final, Johnson Controls et Saft se séparent, Saft est convaincu d'avoir aujourd'hui les moyens financiers lui permettant de réussir seul sur le marché automobile", a-t-elle ajouté.

Le groupe a déjà fait plusieurs propositions à son partenaire, notamment celle de lui racheter ses parts dans la JV.

Ravi Shanker, analyste chez Morgan Stanley, estime pour sa part que Johnson Controls pourrait devoir débourser entre 50 et 60 millions de dollars s'il décidait de racheter la participation de Saft.

Créée en 1918, l'ancienne "Société des accumulateurs fixes et de traction" fournit également l'armée en batteries au lithium. Saft est aussi le premier fabricant mondial de batteries au nickel-cadmium pour le transport aérien et ferroviaire, qui servent d'alimentations de secours et sont particulièrement adaptées aux températures élevées.

Benoit Van Overstraeten, Juliette Rouillon et Gilles Guillaume, avec Deepa Seetharaman à Detroit, édité par Dominique Rodriguez