Zurich (awp) - Le secteur helvétique des biotechnologies s'est maintenu sur la voie de la croissance l'an dernier, au prix toutefois d'une partie de leur trésorerie. Leurs réserves de liquidités ont en moyenne été éclusées d'un cinquième. Ces difficultés n'ont pas empêché les revenus d'inscrire une nouvelle marque de référence, à 6,8 milliards de francs suisses contre 6,7 milliards en 2021.

Les dépenses de recherche et développement ont suivi la même courbe, pour atteindre 2,7 milliards, indique mardi le Swiss Biotech Report 2023 publié par le cabinet EY à l'occasion des Biotech days qui se tiennent à Bâle.

Traditionnellement déficitaire, le segment a dans l'ensemble creusé ses pertes à 1,48 milliard de francs suisses, contre 815 millions un an plus tôt, selon les estimations

L'assèchement des sources de financement imputé aux frictions géopolitiques n'a pas épargné la branche, dont les levées de fonds ont dégringolé de plus de deux milliards sur un an à 1,3 milliard de francs suisses.

Sur l'autel de la recherche

"Le fait que les dépenses de recherche aient résisté aux difficultés de financement en 2022 est réjouissant car il montre à quel point le secteur suisse de la biotechnologie peut être agile au cours d'une année où les capitaux d'investisseurs sont plus difficiles à obtenir," observe en entretien AWP Frederik Schmachtenberg, d'EY Suisse.

Les biotechs indigènes ont en effet fait preuve d'imagination pour renflouer leurs trésoreries sans dilution de valeur pour les actionnaires, multipliant les accords de licence et collaboration, ou procédant comme le bâlois Idorsia à des opérations de cessions-relocations.

"Cependant, (..) il est également clair que cela ne pourra pas être reproduit pendant de nombreuses années à l'avenir, ce qui signifie qu'un rebond des marchés de capitaux est important et que nous en voyons déjà les premiers signes," poursuit l'expert

Unique introduction sur la Bourse de la place zurichoise, le laboratoire bâlois Kinarus a accédé à la cotation à la faveur d'une fusion inversée sur la coquille d'investissement lausannoise Perfect Holding en juin. Le zougois Moonlake Immunotherapeutics a lui véritablement sauté le pas mais pour accéder au Nasdaq étasunien, engrangeant un produit brut équivalent à 140 millions de francs suisses dans l'opération.

Capital-risque en première ligne

La palme des levées de fonds revient toutefois à la jeune pousse rhénane Vectivbio, qui a collecté 177 millions en deux rondes de financement menées en juin puis en octobre. En seconde position, le conjugueur vaudois d'anticorps-médicaments ADC Therapeutics a placé un convertible de 166 millions de francs suisses. Les sociétés cotées ont au final levé 623 millions, quand celles en mains privées ont attiré pour 260 millions d'investissements.

La région zurichoise est à ce jeu passée devant son grand rival rhénan, collectant quelque 454 millions contre 434 millions pour un creuset traditionnel de la pharma helvétique également dépassé par la Suisse Romande et ses 443 millions.

La vague de fusions-acquisitions anticipée au sortir de la crise sanitaire n'a toujours pas eu lieu, malgré d'abondantes réserves pour ce faire dans les trésoreries des grands acteurs de la pharma.

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