PARIS, 27 janvier (Reuters) - Les craintes liées au coronavirus pèsent lourdement sur les marchés d'actions lundi avec des reculs particulièrement marqués pour les secteurs fortement exposés à la Chine comme le luxe, les transports et les ressources de base.

Rassurés dans un premier temps par la décision de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de ne pas déclarer pour l'instant d'urgence sanitaire internationale, les investisseurs s'inquiètent désormais clairement et s'interrogent sur la capacité de la Chine à contenir le virus, qui a fait 81 morts dans le pays selon un dernier bilan.

La visite, lundi, du Premier ministre chinois Li Keqiang à Wuhan, ville du centre du pays où est apparue l'épidémie, illustre l'importance du risque sanitaire, commente Vincent Boy, analyste marchés chez IG France.

"Les marchés devraient continuer d'en souffrir cette semaine alors que la semaine de congés en Chine, suite au Nouvel An, débute et sera même prolongée jusqu'au dimanche 2 février au lieu de jeudi", écrit-il.

Cette semaine de congés devrait conduire à des millions de déplacements à travers le pays mais également vers et en provenance de la Chine, explique-t-il.

"Malgré une invitation du gouvernement à limiter ses déplacements du fait du risque sanitaire important, cela devrait quand même permettre au virus de se propager davantage et notamment en dehors de la Chine lorsque de nombreux Chinois rentrés au pays pour célébrer l'Année du Rat qui démarre rentreront dans leurs pays adoptifs respectifs", poursuit l'analyste d'IG.

Les marchés en Chine resteront fermés et les matières premières pourraient en souffrir encore cette semaine, d'abord du fait du ralentissement de l'activité pendant la semaine de congés mais également du risque sanitaire lié au coronavirus, ajoute-t-il.

"Les compagnies aériennes, le luxe, le secteur automobile (très présent dans la région de Wuhan) et toutes les sociétés dépendantes du marché chinois en général devraient être les premières touchées cette semaine", écrit-il.

LE LUXE EN PREMIÈRE LIGNE

Comme pour illustrer ses propos LVMH perd 3,62%, Hermès 3,49%, Kering 3,92% et Air France 4,58% dans les premiers échanges en Europe.

La plus forte baisse du CAC 40, qui perd près de 2%, est pour Accor (-4,11%).

ArcelorMittal (-3,84%) recule fortement pour les mêmes raisons, ainsi que le groupe minier Anglo American , qui abandonne 5,63% à la Bourse de Londres.

Tous les indices sectoriels européens sont nettement dans le rouge, avec des baisses particulièrement marquées pour les ressources de base (-3,99%) ainsi que pour les transports et les loisirs (-2,66%).

Avant l'émergence du coronavirus, les marchés d'actions évoluaient à des niveaux élevés, voire à des records pour certains indices, rappelle l'analyste Michael Hewson (CMC Markets).

"Certains traders s'interrogeaient sur les valorisations tendues des actions et la peur entourant la crise sanitaire leur sert maintenant d'excuse pour enlever de l'argent de la table", fait-il valoir.

La situation sur le plan macroéconomique est pourtant plutôt favorable, notamment en Europe, où les indicateurs récents confortent le scénario d'une accélération de l'activité, écrivent pour leur part les analystes de Saxo Banque.

"Toutefois, à un certain stade, il y a fort à parier que les investisseurs s'interrogent sur l'impact économique réel de la crise sanitaire en Chine et sur les effets collatéraux qu'elle aura pour l'économie mondiale qui est en phase de rebond en ce début de premier trimestre", ajoutent-ils cependant.

LES VALEURS REFUGES TRÈS RECHERCHÉES

L'aversion pour le risque liée au coronavirus s'accompagne d'un repli vers les actifs jugés plus sûrs.

A la Bourse de Tokyo, qui a perdu lundi plus de 2%, les valeurs exportatrices ont souffert de l'appréciation du yen, valeur refuge par excellence.

La devise japonaise a pris jusqu'à 0,5% face au dollar pour toucher un pic de deux semaines et demi avant de s'apaiser .

La ruée vers les actifs moins risqués profite également aux emprunts d'Etat, à commencer par les Treasuries à 10 ans, dont le rendement perd près de six points de base à 1,62% dans les échanges en Asie.

Dans les transactions en Europe, le rendement du Bund allemand à 10 ans cède trois points de base à -0,36%.

Comme plusieurs obligations souveraines de la zone euro, le rendement de l'OAT française à 10 ans a touché un creux de trois mois, à -0,1%. (Patrick Vignal, édité par Bertrand Boucey)