Le club des Diables Rouges est contrôlé par un consortium emmené par la famille Glazer. Un reliquat de 5% du capital est coté à New York. Au cours de $21.5 l'action, il affiche une capitalisation boursière de $3.5 milliards, autrement dit £2.8 milliards. 

Il y a £700 millions de dette nette, ce qui porte la valeur d'entreprise à £4.2 milliards. S'agirait-il d'une alléchante opportunité d'arbitrage ? 

Une vente à £5 milliards marquerait un record dans le milieu très fermé des grands investissements sportifs, pour l'instant détenu par Rob Walton — l'un des héritiers du groupe Walmart — qui allongeait l'an passé la coquette somme de $4.6 milliards pour les Broncos de Denver.

Ratcliffe n'est possiblement pas le seul sur les rangs. Entre autres, le milliardaire qatari Sheikh Jassim bin Hamad al-Thani, aux poches sans doute profondes mais aux intentions encore secrètes, pourrait surenchérir. 

Manchester United aura connu un parcours mitigé sous la tutelle de la famille Glazer. La famille n'a pas fait une mauvaise affaire financière depuis son acquisition à £790 millions via un LBO en 2005, mais sportivement c'est une autre histoire : le club n'a gagné aucun championnat de Premier League depuis le départ de son mythique entraîneur Alex Ferguson, et son étoile pâlit en Europe.

Du coup, ses revenus de sponsoring sont inférieurs à ceux de Manchester City ou du PSG. Le chiffre d'affaires n'a pas bougé depuis 2017, ceci alors que club est surchargé de dettes et frise l'insolvabilité. Carton rouge aussi pour l'exploitation, qui vire du chichement profitable au clairement déficitaire. 

Pendant que la structure du capital se dégradait, et que l'endettement augmentait, la famille Glazer vidait la réserve de cash via des distributions de dividendes. Résultat : voici le club bien mal armé pour financer la rénovation du stade de Old Trafford et du complexe d'entraînement de Carrington, le tout pour une note totale qui devrait dépasser £1 milliard. 

Bref, maintenant que le citron est pressé, la vente semble évidente. Mais au-delà d'une éventuelle opération d'arbitrage, un investissement dans Manchester United reste en premier chef un pari sur un caprice d'oligarque.