très politique

avec dégradations à Paris, poignée de main Mélenchon-Faure dans le cortège, déclaration Laurent Berger

PARIS (awp/afp) - Plusieurs dizaines de milliers de personnes défilaient dimanche partout en France à l'occasion du 1er mai, dans un contexte très politique après la présidentielle, dans des cortèges parfois émaillés d'accrochages et de dégradations, en particulier à Paris.

Dans la capitale, où la CGT revendiquait 50.000 manifestants, la manifestation s'est élancée peu après 14H30 de la place de la République en direction de la place de la Nation, à l'appel de l'intersyndicale CGT-Unsa-FSU-Solidaires, rejointes par les organisations étudiante et lycéennes Unef, VL, MNL et FIDL, avec pour revendications la hausse des salaires, le maintien des services publics et de la protection sociale, et une politique de transition écologique.

La réforme des retraites est aussi l'un des points de crispation de cette journée "un peu exceptionnelle" cette année car elle intervient une semaine après la réélection d'Emmanuel Macron, a souligné le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, pour qui une nouvelle mobilisation est envisageable dès "avant la rentrée, parce que le niveau de mécontentement sur les retraites ou les salaires est très fort".

"Nous sommes opposés résolument (...) à toute forme de recul de l'âge de la retraite", a martelé de son côté le secrétaire général de FO, Yves Veyrier.

Présent dans le cortège parisien, Olivier Ayadi, 38 ans, analyste financier, confesse "une horreur absolue d'Emmanuel Macron" et de son premier mandat "exécrable, absolument immonde d'un point de vue social, sociétal, économique", selon lui.

Ce 1er mai revêt aussi une signification particulière pour la gauche, dans le contexte de négociations difficiles pour parvenir à un accord en vue des législatives. Jean-Luc Mélenchon (LFI) a pris la parole sur une estrade au moment où le cortège parisien s'ébranlait, exhortant à un accord "cette nuit". M. Mélenchon et le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, se sont plus tard serré la main avant d'engager une brève conversation aux cris d'"Union populaire!" dans la foule.

lacrymogènes

En marge de la manifestation, des accrochages incessants opposaient les forces de l'ordre à des jeunes vêtus de noir, avec jets de projectiles et grenades lacrymogènes. Le long du boulevard Voltaire, de nombreuses vitrines de commerces ont été détruites, dont celle d'un restaurant McDonald's et de plusieurs banques. Une voiture a été fracturée, des feux se sont déclarés, dont un alimenté par des planches de bois, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Ailleurs en France des manifestations ont rassemblé 1.900 personnes à Bordeaux , 3.600 à Marseille, 3.500 à Toulouse, 4.000 à Lyon, 1.500 à Strasbourg ou Saint-Etienne, 2.000 à Lille selon les chiffres de la police. Au total, 255 points de rassemblement étaient prévus dans le pays, selon la CGT.

A Rennes, la manifestation organisée dans la matinée (1.650 personnes selon la préfecture) s'est déroulée dans le calme, mais plusieurs centaines de militants d'ultra-gauche ont joué pendant deux heures au chat et à la souris avec les forces de l'ordre, qui ont fait usage de lacrymogènes et d'un canon à eau. Des feux de poubelles ont été constatés. Dégradations aussi à Nantes, où les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser des militants d'ultra-gauche, selon la préfecture.

"troisième tour dans la rue"

A Marseille, sous un grand soleil et portant un drapeau "pour l'union populaire", Martine Haccoun, médecin retraitée de 65 ans, est venue "montrer qu'on n'a pas donné à Macron un blanc-seing pour cinq ans, on a voulu faire barrage à Mme Le Pen". Ce 1er mai lui paraît spécialement important face "à la destruction de l'hôpital public" notamment.

"Je viens manifester tous les 1er mai, mais peut-être que la période après les élections a amené des gens qui ne seraient pas forcément venus", a déclaré à l'AFP Sylvie Marchese, 49 ans, à Toulouse. Pour cette éducatrice spécialisée syndiquée à la CGT, "les résultats de la présidentielle sont en lien avec l'abstention et le vote blanc, ce n'est pas un choix ! Le troisième tour sera dans la rue".

Après le barrage à Marine Le Pen dans les urnes et la réélection d'Emmanuel Macron, "le plus dur reste à faire car si on ne se met pas en lutte maintenant, on va pleurer des larmes de sang", estime Alain Theux, 77 ans et syndiqué CGT présent dans le cortège bordelais.

En 2021, les organisateurs avaient revendiqué plus de 170.000 manifestants, dont 25.000 à Paris. Le ministère de l'Intérieur avait quant à lui dénombré 106.650 manifestants en France, dont 17.000 dans la capitale.

Les associations et ONG mobilisées sur les questions environnementales étaient également de la partie, à l'appel du collectif Plus jamais ça. Et des délégations étrangères (Kurdes, Algériens...) étaient aussi présentes à Paris.

La CFDT, premier syndicat de France, fait sans surprise bande à part, en organisant un "1er mai engagé pour le climat" et pour des augmentations de salaire. "On cherche des mobilisations qui soient plus symboliques que de masse", a déclaré à la presse son secrétaire général Laurent Berger, lors d'un rassemblement "revendicatif et festif" organisé sur les rails désaffectés de la "Petite ceinture", dans le 18e arrondissement de Paris.

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