PARIS (awp/afp) - "On baisse la pagination puis on décide si on suspend la parution": en quelques jours, l'épidémie du nouveau coronavirus et l'annulation massive des évènements culturels a asphyxié "Le Petit Bulletin", journal local gratuit, privé de recettes publicitaires.

Confronté à une baisse de 50% de son chiffre d'affaires, l'hebdomadaire culturel diffusé à Lyon, Grenoble et Saint-Etienne a pris cette semaine des mesures de chômage partiel qui touchent 70% de ses quelque 60 collaborateurs, explique à l'AFP son dirigeant Marc Renau. "On est à minima à 150.000 ou 200.000 euros de pertes, si on en reste là."

Dans son dernier numéro et sur son site, un article fait la chronique des évènements locaux annulés: le festival "Reperkusound", un concert d'Iggy Pop, deux représentations de danse, trois concerts de musique classique, toute une série de représentations par le Cirque du Soleil.

"D'autres évènements sont reportés. Et il y a une baisse de billetterie assez forte au cinéma également. Forcément, la communication est le premier budget qui saute", ajoute M. Renau, parlant d'un "vent de panique" dans le monde de la culture et de l'évènementiel.

Directement touché par les interdictions de rassemblement, le secteur de la culture est à l'origine, avec le tourisme ou les parcs d'attraction, des plus fortes réductions de budgets publicitaires.

Mais la contagion devrait toucher à terme tous les budgets pub, car comme le rappelle Jean-Luc Chetrit, directeur général de l'Union des marques, "une campagne très positive et joyeuse n'est pas appropriée dans un contexte d'angoisse, de pandémie". Les annonceurs vont donc être amenés pour beaucoup à reporter leurs campagnes promotionnelles.

"Impact significatif"

En revanche, "quelques secteurs peuvent aussi être portés, notamment ceux qui reposent sur la livraison à domicile", "la grande consommation", dans l'hypothèse où les pénuries dans les grandes surfaces ne s'aggraveraient pas, ainsi que les services numériques.

"On ne sait pas du tout quelle va être l'ampleur des dégâts", explique à l'AFP Xavier Guillon, le directeur général de France Pub.

"Il y a un impact immédiat sur les secteurs dont l'activité est quasiment ralentie, voire arrêtée, mais aussi un effet beaucoup plus large dû à une période d'incertitudes", ajoute-t-il, espérant toutefois un "phénomène de rattrapage" sur la fin d'année "si on se met dans le scénario favorable d'une reprise en mai ou juin".

Si elles parlent à mots couverts pour ne pas provoquer une baisse des tarifs, les régies publicitaires de la télévision reconnaissent de sérieuses inquiétudes pour le mois d'avril.

"On s'attend à un impact significatif sur le deuxième trimestre, encore très difficile à chiffrer" et les conséquences pourraient s'étendre au troisième trimestre, a annoncé plus directement à l'AFP le président du directoire du groupe M6, Nicolas de Tavernost.

Pourtant, la durée d'écoute moyenne de la télévision a augmenté de 8 minutes du 24 février au 8 mars, selon des chiffres communiqués à l'AFP par Médiametrie qui se garde de les relier directement aux conséquences de l'épidémie, notamment la raréfaction des sorties.

Signe d'une inquiétude générale et d'une actualité débordante, la part d'audience des journaux télévisés et chaînes d'informations est également en forte hausse, par rapport à la période comparable de l'année dernière.

Mais "si vous avez des audiences et pas de client, c'est quand même compliqué", a ajouté Nicolas de Tavernost, qui prévoit "des mesures d'économies sur les programmes".

jub/pn/fmp