Zurich (awp) - Le producteur de cellules et panneaux photovoltaïques Meyer Burger voit son salut aux Etats-Unis, alors que sa perte s'est creusée l'an dernier et que sa trésorerie a encore fondu au cours des deux premiers mois de 2024.

Au sortir d'une année 2023 difficile pour le producteur de cellules et panneaux photovoltaïques, son directeur général, Gunter Erfurt, a dénoncé les "distorsions massives du marché", alimentées par la concurrence chinoise à bas prix. Un tel biais "n'a encore jamais eu lieu dans cette ampleur" et persiste jusqu'à maintenant, a déploré le patron, en marge des résultats annuels jeudi.

L'entreprise thounoise a mis à l'arrêt le site de production allemand de Freiberg, en Saxe, mesure qui doit entraîner 500 suppressions de postes. Le patron a expliqué n'avoir pas eu d'autre choix. "Notre continent est malheureusement le seul qui n'a pas encore reconnu l'importance stratégique de l'énergie solaire", a-t-il regretté.

Pour l'heure, Meyer Burger n'envisage toutefois pas un démantèlement du site, a précisé M. Erfurt lors de la conférence destinée aux analystes, ajoutant que la réduction d'effectif est actuellement en phase de préparation. Un signe qui peut être interprété comme l'espoir d'un sauvetage par la politique allemande, selon les spécialistes. Jusqu'à présent, le gouvernement fédéral n'a pas pu se résoudre à promouvoir les produits solaires de production nationale.

Survie de l'entreprise en jeu

Alors que les actionnaires se réuniront lundi en assemblée générale extraordinaire, appelés à voter sur l'émission de 200 à 250 millions de francs suisses, Meyer Burger fait savoir que son plus gros client aux Etats-Unis, D.E. Shaw Renewable Investment (Desri), compte investir jusqu'à 20 millions de dollars, lui apportant un "soutien substantiel" sur le marché américain, sur lequel l'entreprise veut se concentrer. Sentis Capital, le plus grand actionnaire du groupe, prévoit d'investir jusqu'à 50 millions de francs suisses.

Ce qui est en jeu, c'est la survie financière du groupe et son avenir aux Etats-Unis, a résumé Bernd Laux de la Banque cantonale de Zurich (ZKB).

Meyer Burger compte générer à moyen terme un résultat brut d'exploitation (Ebitda) de près de 250 millions de francs suisses par an aux Etats-Unis. La société s'attend à ce que le produit du financement de la dette et de l'augmentation de capital permettent de démarrer la production de modules à Goodyear en Arizona d'ici la fin juin, dont la montée en puissance doit être soutenue par la production de cellules solaires à Thalheim en Allemagne. Sous réserve d'un financement suffisant, la production de cellules solaires à Colorado Springs doit s'intensifier en fin d'année.

Une nouvelle défection au conseil

L'an dernier, la perte de Meyer Buger s'est alourdie à 291,9 millions, contre un débours de 69,9 millions en 2022, la moitié résultant d'effets uniques. La perte d'exploitation avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) s'est enfoncée à 163,6 million contre 34,6 millions. Le résultat opérationnel avant intérêts et impôts (Ebit) s'est aussi alourdi en zone négative à 250,2 millions (-53,6 millions), affecté notamment par des dépréciations.

La trésorerie atteignait 150,2 millions en décembre dernier et seulement 82,0 millions au 29 février.

En 2023, les ventes ont reculé à 135,0 millions contre 147,2 millions un an plus tôt, alors que les prix du marché ont fortement baissé au second semestre. Les stocks ont gonflé de 12 millions de francs suisses à 130,8 millions, principalement en raison de modules non vendus.

L'entreprise s'attelle à "chercher des partenariats stratégiques avec des entreprises susceptibles de fournir des capitaux" et "d'augmenter les ventes" en étoffant l'accès aux clients et aux zones géographiques.

Enfin, Katrin Wehr-Seiter, membre du conseil d'administration, se retire pour des raisons personnelles. Il s'agit d'un signal négatif, essime UBS, qui s'ajoute au départ d'Urs Schenker, déjà pour le même motif, en janvier. Le conseil d'administration se limite désormais à trois personnes.

Les investisseurs n'ont guère goûté les informations délivrées par la firme de Gwatt, près de Thoune. Vers 15h40, l'action Meyer Burger ne valait plus que 0,053 franc, en recul de 3,64%, après un plus bas à 0,0426 franc, dans un SPI en repli de 0,23%.

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