Renault a annoncé la veille qu'il allait étudier avec intérêt l'ambitieux projet de fusion à 50-50 que lui a présenté le constructeur italo-américain et qui donnerait naissance au troisième constructeur automobile mondial. Ce projet suscite toutefois beaucoup d'interrogations sur l'emploi et l'équilibre des forces dans le nouvel ensemble.

"C'est à Jean-Dominique Senard (le président de Renault) de revenir vers moi dans les jours qui suivent, puisque j'ai donné mon accord à l'ouverture des négociations, sur les garanties qu'il a pu obtenir de la part de Fiat sur l'empreinte industrielle de Renault en France", a souligné Bruno Le Maire sur RTL.

Outre la préservation des sites industriels français, le ministre de l'Economie exige que la fusion entre Fiat et Renault se fasse dans le cadre de l'alliance avec le constructeur japonais Nissan et que les intérêts français soient bien représentés dans la future gouvernance à la tête du nouvel ensemble, même si la participation de l'Etat s'en trouverait diluée de moitié, à 7,5% du capital de la nouvelle entité.

Il demande également que le nouveau groupe s'approvisionne en batteries auprès du futur consortium européen en cours de création afin de ne plus dépendre des fournisseurs chinois et coréens.

"L'industrie automobile est confrontée à des défis technologiques qui sont les plus importants depuis ceux qu'elle a eu à affronter au début du 20e siècle", a poursuivi Bruno Le Maire. "Cela va demander des dizaines de milliards d'euros d'investissement, donc il faut rassembler les forces pour faire face à ces investissements. Les entreprises qui survivront seront celles qui auront la capacité d'investir massivement dans le véhicule autonome, connecté et électrique."

Interrogé sur le futur rapport de force entre la France et l'Italie - incarné d'un côté par l'Etat français qui détient 15% de Renault, et de l'autre par la holding Exor de la famille Agnelli, qui contrôle 29% de FCA - Bruno Le Maire a jugé que cette question n'était pas pertinente.

"On devrait être fier de créer un grande ensemble industriel européen. Et lorsque on en crée, on dit: ah, mais il y a des Italiens qui vont être peut-être devant nous! Ce n'est pas le sujet", a-t-il dit. "Le sujet c'est de savoir si (...) face à un grand constructeur automobile chinois, nous sommes capables de créer un champion mondial automobile."

Pour certains syndicats de Renault, la question du rapport de force entre la partie française et la partie italienne reste au contraire un sujet, la CGT demandant même à ce que le gouvernement conserve une minorité de blocage "pour faire prévaloir les intérêts français".

La CFE-CGC, première organisation syndicale du groupe au losange, préfère pour sa part attendre de connaître "le degré de préservation des intérêts des salariés du groupe Renault en France" avant de se prononcer.

(Gilles Guillaume et Simon Carraud, édité par Jean-Michel Bélot)