C'est la première fois depuis la crise de 2008 qu'une grande banque déplace son siège social dans le but d'échapper à des règles plus strictes imposées au secteur.

En Finlande, la banque passera sous la juridiction de la Banque centrale européenne (BCE) qui, depuis 2014, est chargée de la supervision des banques de la zone euro.

Nordea avait déclaré en mars qu'elle pourrait déménager son siège hors de Suède si le gouvernement adoptait une proposition prévoyant une augmentation des sommes que les banques versent au fonds de résolution du secteur, ce qui a incité Stockholm à adoucir certaines de ses mesures.

"La domiciliation dans un pays qui participe à l'union bancaire signifie que Nordea sera soumise au même cadre réglementaire que ses pairs européens", dit Nordea.

L'action Nordea a terminé sur une note stable mercredi.

La Suède a imposé une réglementation qui figure parmi les plus strictes d'Europe à son secteur bancaire, dont les actifs représentent environ quatre fois le PIB suédois.

Les analystes financiers ont des avis divergents quant à l'impact d'un tel transfert pour la banque, qui a été dans le passé détenue par l'Etat suédois, et pour la Suède.

D'après Nordea, ce transfert lui permettra d'économiser un milliard d'euros. Elle n'a pas précisé sur quelle période.

Cette décision pourrait également réduire l'incertitude réglementaire pour Nordea à l'approche des élections de l'an prochain. Le gouvernement de centre-droit cherche le moyen de taxer les banques plus lourdement.

D'un autre côté, l'exigence suédoise de fonds propres élevés est perçue comme une garantie de qualité par les investisseurs, permettant d'abaisser les coûts d'emprunt des banques suédoises, ce qui explique en partie qu'elles soient deux fois plus rentables en termes de retour sur capitaux employés (ROCE) que leurs rivales européennes.

Nordea a précisé que sa politique en matière de fonds propres et de dividendes resterait inchangée.

La banque risque néanmoins de contrarier ses clients suédois. Certains syndicats ont dit qu'ils retireraient leurs fonds et ne travailleraient plus avec elle si elle déménageait.

La perte de Nordea, neuvième banque européenne en termes de capitalisation boursière, portera un coup dur au prestige de la Suède qui cherche à attirer des institutions financières après la sortie du Royaume-Uni de l'UE. Elle confortera aussi ceux qui disent que le gouvernement est hostile au monde des affaires.

La ministre des Finances, Magdalena Andersson, a affirmé que cette désertion réduirait le risque que fait peser un secteur bancaire surdimensionné sur l'économie suédoise, tout en disant qu'elle souhaite que Nordea reste en Suède.

BREAKINGVIEWS-Nordea shows governments who rules the roost

(Bureau de Stockholm, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)