Le spécialiste français de l'hébergement de données poursuit une stratégie différente de celle de l'allemand Ionos — discuté hier dans ces colonnes — qui mise tout sur les services aux PME.

OVH, lui, investit agressivement dans le développement de sa propre infrastructure. Son chiffre d'affaires est 30% inférieur à celui de Ionos, mais ses investissements annuels quatre fois supérieurs.  

A long terme, la stratégie du français devrait se révéler plus tenable. S'il revendique quatre fois moins de clients que Ionos, sa clientèle est davantage captive et son revenu moyen par utilisateur très supérieur. 

L'année 2023 s'inscrit dans la lignée des exercices précédents. On note la croissance du chiffre d'affaires consolidé de 13.9%, plus ou moins semblable sur toutes les géographies — c'est-à-dire en France, qui représente toujours la moitié du chiffre d'affaires consolidé, en Europe et ailleurs dans le reste du monde.

Cependant, l'exploitation reste non-profitable et la génération de cash négative. Dans une activité aussi capitalistique que la gestion de parcs de serveurs, le corollaire d'une forte croissance est hélas une incapacité chronique à générer des profits. 
 
Le management promet un free cash-flow positif sur l'exercice 2025. Honorer cette promesse impliquera forcément un ralentissement marqué du programme d'investissements, qui devrait désormais osciller entre 16% et 24% du chiffre d'affaires.

Il semble prudent de miser sur la borne haute de cette projection. A ce titre, toutes choses égales par ailleurs, si d'ici 2025 le groupe contrôlé par la famille Klaba parvient à générer €1.2 milliards de chiffre d'affaires et €400-450 millions de cash-flow d'exploitation, un coût annuel des investissements aux alentours de €300 millions laisserait entrevoir la possible génération d'un free cash-flow compris entre €100 et €150 millions.

Manifestement, la valorisation boursière du groupe accorde déjà du crédit à ce scénario puisqu'elle évolue aux alentours de €1.4 milliard. Pour l'anecdote, ceci représente peu ou prou le montant total des investissements entrepris par OVH sur les cinq dernières années.

Quoiqu'il en soit, bien qu'il se languisse à ses niveaux les plus bas depuis l'IPO de 2021, on peine à distinguer une réelle marge de sécurité à ce cours.