En vertu de la loi sur la réduction de l'inflation (Inflation Reduction Act) que la Maison Blanche a fait adopter l'année dernière, le gouvernement va négocier avec les fabricants les prix d'un certain nombre de médicaments qui sont les plus coûteux pour son budget. L'agence Medicare (Centers for Medicare & Medicaid Services, ou CMS) n'avait jusqu'à présent pas le droit de négocier les prix avec les fabricants. Désormais dotée de ce pouvoir, elle entend économiser 25 milliards de dollars par an sur le coût des médicaments d'ici à 2031. Le programme couvre actuellement 66 millions d'Américains.

Après avoir passé l'année dernière à recueillir les avis des fabricants de médicaments et du public et à élaborer les règles du programme, les négociations ont débuté avec l'annonce de mardi. Les prix fixés pour les dix premiers médicaments n'entreront pas en vigueur avant 2026, et plusieurs fabricants de médicaments et groupes d'entreprises ont intenté des actions en justice pour faire échouer l'ensemble du processus.

Fargixa, Entresto, NovoLog… une première série de dix médicaments

"Parmi les grandes entreprises pharmaceutiques, Farxiga, le médicament d'AstraZeneca contre le diabète et l'insuffisance cardiaque, Entresto, le médicament de Novartis contre l'insuffisance cardiaque et les insulines de Novo Nordisk ont été inclus dans la liste", note l'analyste d'AlphaValue Abhishek Raval. Une partie des traitements concernés arrivent en fin de protection brevetaire. L'analyste estime que "l'inclusion de médicaments dans la liste susmentionnée ne devrait pas avoir de conséquences négatives pour les grandes sociétés pharmaceutiques de l'univers couvert par AlphaValue". Outre les trois laboratoires précités, on retrouve dans la liste des traitements de Merck & Co, Bristol-Myers Squibb, Pfizer, AbbVie, Amgen, Johnson & Johnson et Eli Lilly.

Produits concernés
Source Abhishek Raval / AlphaValue

Que se passera-t-il ensuite ?

Les fabricants de médicaments ont jusqu'au 1er octobre pour accepter les négociations. S'ils refusent, ils s'exposent à de lourdes amendes. D'ici le 2 octobre, ils doivent remettre les nombreuses données dont le gouvernement a besoin pour proposer des prix plus bas.

L'assurance maladie prévoit d'envoyer ses premières offres aux fabricants d'ici le 1er février. Ceux-ci auront 30 jours pour faire des contre-offres. Les négociations doivent s'achever le 1er août et Medicare publiera sa liste de nouveaux prix le 1er septembre. La loi exige que les prix négociés soient inférieurs d'au moins 25% aux prix de la liste initiale.

Le processus recommencera en février 2025, lorsque la CMS sélectionnera 15 autres médicaments sur ordonnance pour les négociations, dont les nouveaux prix entreront en vigueur en 2027. L'année suivante, elle ajoutera encore 15 médicaments prescrits ou administrés par un médecin, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas délivrés par les pharmacies. Ensuite, Medicare négociera chaque année les prix de 20 médicaments délivrés sur ordonnance ou administrés par un médecin.

Quand interviendront les premières baisses de prix ?

Les utilisateurs du programme Medicare pourraient bénéficier d'économies en 2026, en fonction de la façon dont leurs régimes d'assurance-médicaments sont établis et en supposant que l'industrie pharmaceutique et les organisations qui la soutiennent ne parviennent pas à faire dérailler le programme avant cette date.

Encore des écueils

La Chambre de commerce des États-Unis - le plus grand groupe de pression commercial du pays - espère obtenir une injonction du tribunal contre le programme d'ici le 1er octobre. Toutes les actions en justice visant à éviter les négociations sur les prix des médicaments soutiennent que la nouvelle loi est inconstitutionnelle. Le gouvernement insiste sur le fait qu'il s'appuie sur une base juridique solide et qu'aucune disposition de la Constitution n'interdit à Medicare de négocier les prix qu'il paie.

L'élection présidentielle américaine de l'année prochaine pourrait ajouter à l'incertitude, avec la possibilité que les républicains prennent le contrôle du Congrès et de la Maison Blanche, ce qui amènerait des dirigeants qui pourraient ne pas être favorables à la loi adoptée par les démocrates.