LISBONNE (awp/afp) - Face aux nombreuses affaires de corruption secouant le Portugal, deux associations ont décidé d'organiser sur ce thème des visites guidées et gratuites à Lisbonne, dont le premier circuit, qui a affiché complet, s'est déroulé samedi.

"L'objectif, c'est de vulgariser ces affaires difficiles à comprendre d'une manière pratique et ludique et d'y sensibiliser les gens", a dit à l'AFP Joao Batalha, un membre de Frente Civica et de la branche portugaise de Transparency International, à l'origine de ces parcours.

En raison de l'actuelle pandémie de Covid-19, le nombre des participants a été limité à une vingtaine de personnes et l'événement est encadré par un important dispositif policier.

A l'occasion du premier "Corruption Tour", c'est "l'Opération Marquês" qui a été choisie. Il s'agit d'un vaste scandale politico-médiatique visant 189 crimes commis par 19 personnes dont l'ex-Premier ministre portugais José Socrates, au pouvoir entre 2005 et 2011.

Le parquet portugais a notamment soutenu que M. Socrates avait reçu environ 34 millions d'euros en échange de la promotion des intérêts de l'ancien banquier Ricardo Salgado dans le Groupe Espirito Santo, devenu Novo Banco en 2014, et à Portugal Telecom.

Il y a deux semaines, M. Socrates a été renvoyé en procès pour blanchiment de capitaux et falsification de documents, mais a bénéficié d'un non-lieu concernant les accusations de corruption qui pesaient sur lui.

"Nous avons commencé par cette affaire car il y a eu une récente décision de justice et tous les lieux emblématiques qui y sont liés se trouvent dans le centre de Lisbonne, (et sont donc) facilement accessibles à pied", a expliqué Joao Batalha.

Au programme du parcours en trois étapes, l'ex-siège de Portugal Telecom, l'un des endroits où a vécu M. Socrates et les anciens locaux de la banque Espirito Santo.

"Nous avons un grand problème de corruption au Portugal, il faut s'indigner, sinon ça va empirer ; en présentant les enjeux de cette manière c'est très bien et créatif", a estimé un participant à la visite, Julio Reis, un enseignant de 62 ans.

Malgré la pluie, le petit groupe a écouté avec attention les explications à chaque arrêt devant les façades des bâtiments où se sont déroulés les différents épisodes de l'intrigue.

"Je ne connaissais rien de cette affaire et je pense que c'est un bon moyen de la populariser ; en prenant part à ces visites, on se sent un un peu plus concerné", a déclaré à l'AFP Lorenzo Lanfranco, yn étudiant italien en sociologie de 21 ans.

Forts du succès de la première édition, les organisateurs comptent déjà mettre en place dans les prochaines semaines des circuits axés sur le système financier portugais et sur la compagnie d'électricité Energias de Portugal (EDP).

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