(Actualisé avec grèves et manifestation prévues jeudi)

par George Georgiopoulos et Ingrid Melander

ATHENES, 8 juin (Reuters) - Le Premier ministre grec s'est efforcé mercredi d'éviter que la fronde dans son parti face au coût social du plan de sauvetage financier du FMI et de l'Union européenne ne se transforme en rébellion ouverte au parlement.

George Papandréou participait dans l'après-midi à un conseil politique du Pasok dans l'espoir d'obtenir son appui à un plan d'austérité qui a fait l'objet d'un accord avec le FMI et l'UE vendredi dernier pour qu'Athènes bénéficie d'un deuxième plan de sauvetage en un peu plus d'un an. Il prévoit notamment des années de rigueur et une accélération des privatisations.

Le mécontentement dans les rangs du Pasok pourrait dégénérer en une véritable rébellion au parlement. Des dizaines de milliers de personnes manifestent jour après jour dans le centre d'Athènes contre les mesures d'austérité imposées par l'UE et le FMI, ainsi que contre la corruption et la mauvaise gestion du budget de l'Etat.

Les mauvaises statistiques publiées mercredi sur l'état de l'économie grecque augurent d'un durcissement du mécontentement. Le taux de chômage a augmenté en mars pour atteindre 16,2% de la population active, contre 15,9% en février.

C'est le plus haut niveau jamais atteint depuis que la Grèce a commencé à publier ses chiffres du chômage de façon mensuelle, en 2004. En mars 2010, soit deux mois avant l'annonce du premier plan de sauvetage, le taux de chômage se situait à 11,6%.

Athènes a également publié les chiffres de sa production industrielle, qui a chuté de 11% au mois d'avril après une baisse de 8% en mars.

RETARD DE 24 HEURES

Les employés des entreprises publiques susceptibles d'être privatisées, comme l'électricien PPC (>> Public Power Corp.), la compagnie de télécoms OTE (>> Hellenic Telecom) ou les sociétés de distribution d'eau EYDAP (>> Athens Water Sup&Sew) et EYATH (>> Thessaloniki Water &), observeront une grève de 24 heures jeudi.

Les deux principaux syndicats du privé et du public, GSEE et ADEDY, ont invité les travailleurs et les retraités, dont les pensions ont été abaissées, à manifester dans le centre d'Athènes en signe de solidarité.

La ministre du Travail, Louka Katseli, a indiqué que les députés du Pasok voulaient savoir si les sacrifices auxquels ont consenti les Grecs depuis un an, en vertu du premier plan de sauvetage de 110 milliards d'euros, commençaient à porter leurs fruits.

"Les députés veulent que le fardeau soit supporté par ceux qui le peuvent le plus", a-t-elle déclaré à la chaîne de télévision Mega TV.

Selon un journal grec, le gouvernement envisage de renoncer à un élément du plan, la baisse de certaines allocations, pour calmer les députés. Mais ce manque à gagner pour les caisses de l'Etat devra être compensé d'une façon ou d'une autre.

Jusqu'à présent, les députés du Pasok avaient mis une sourdine à leur grogne, mais les Grecs se réunissent soir après soir sur la place Syntagma, tout près du parlement, pour donner libre cours à leur colère. Dimanche dernier, le nombre des manifestants dépassait les 80.000.

Tant le débat est vif au sein du Pasok, le calendrier d'adoption du projet de loi sur le nouveau plan d'austérité a été retardé de 24 heures.

La réunion du conseil politique du Pasok aurait dû initialement se tenir mardi, ce qui aurait permis au gouvernement de boucler son projet jeudi. Or les ministres ne devraient pas s'entendre sur le contenu exact du plan avant vendredi maintenant.

Le gouvernement espère faire adopter son plan d'austérité par le parlement avant la fin du mois. (Eric Faye et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Gilles Trequesser)

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