Richelieu compte 112 centres de distribution en Amérique du Nord, principalement sur la côte est, en Floride et dans le Midwest. Le groupe réalise désormais 42.7% de ses ventes aux Etats-Unis — un marché qu'il a pénétré de manière fort opportuniste juste après la crise de 2007-2009. 

Dirigé par l'excellent Richard Lord, qui possède 7.6% du capital, Richelieu se distingue par sa culture à part — la moitié de ses salariés en sont actionnaires — et une stratégie de croissance externe rondement menée, car autofinancée et concentrée en premier chef sur la rentabilité.

Richard Lord n'aime pas surpayer et ce zèle se retrouve dans les comptes : ces dix dernières années, le profit par action croît à un rythme annualisé de 15% par an. La valorisation, cependant, oscille depuis quelques semaines entre x12-x13 les profits seulement.

Le marché prévoit manifestement un ralentissement. En cause : dissipation de "l'effet pandémie" et son impact positif sur les dépenses d'aménagement d'intérieur, remontée des taux qui pourrait perturber des marchés immobiliers surchauffés un peu partout en Amérique du Nord, etc.

Ce trou d'air représente-t-il une opportunité ? Le management semble le penser puisque le groupe, qui conserve un bilan-forteresse — à eux seuls, les actifs courants couvrent près de deux fois le total du passif — et génère un confortable free cash-flow, a commencé à racheter ses propres actions depuis quelques mois. 

Le nombre de titres en circulation diminue ainsi de 0.75% depuis le premier trimestre de l'an passé, quand le dividende augmente lui de 15%, et passe désormais à $0.15 par titre et par trimestre. 

Le profit par action diminue sur la période, de $0.53 à $0.40, mais le premier trimestre 2022 — celui des réouvertures post-pandémie — fut en tout point exceptionnel. Le management rappelle aussi que le premier trimestre de l'année est historiquement le moins lucratif.   

Du reste, la forte exposition aux marchés de la rénovation compense la cyclicité naturelle du marché immobilier, quand le taux de change euro-dollar canadien demeure très favorable aux investisseurs du Vieux Continent en ce moment. 

Le modèle économique des distributeurs de spécialité se renforce au fur et à mesure qu'ils gagnent en échelle. On citera par exemple les précédents de Watsco, Pool Corporation, Thermador ou Samse, tous de remarquables "success stories" opérationnelles et boursières — chacune offrant donc aux investisseurs existants ou prospectifs d'intéressants éléments de comparaison.