Zurich (awp) - Le constructeur de machines textiles Rieter accuse une contre-performance semestrielle encore plus marquée qu'attendu par la pandémie de coronavirus. La direction anticipe pour le second semestre une amorce de rétablissement, dont l'ampleur reste encore à déterminer.

En dépit de "signes de rétablissement" sur ses débouchés, le groupe zurichois a d'ores et déjà requis un chômage partiel pour 40% de ses effectifs en Suisse et en Allemagne et examine l'opportunité d'une extension à ses autres sites à l'étranger, en fonction des options disponibles.

Les entrées de commandes ont fondu d'un tiers en comparaison annuelle, pour représenter 250,7 millions de francs suisses. Le chiffre d'affaires a été élagué de près de 40% à 254,9 millions, détaille le compte-rendu intermédiaire diffusé jeudi.

Le résultat d'exploitation (Ebit) s'est comme annoncé inscrit en négatif, de 55,0 millions. Hors frais de restructuration, ce déficit a atteint 46,9 millions. La perte nette a été creusée à 54,4 millions.

Dans le bas de la fourchette

Ventes et entrées de commandes donnent raison aux analystes les plus pessimistes consultés par AWP, tandis que les indicateurs de rentabilité s'approchent du consensus. Le déficit s'inscrit dans l'ordre de grandeur de l'avertissement sur résultats émis fin mai.

Le recul des ventes s'est avéré particulièrement marqué pour la première division du groupe, Machines et systèmes, qui a vu ses recettes fondre de 45% à 119,9 millions. Composants (-27% à 87,7 millions) et Services après-vente (-34% à 47,3%) n'en ont pas pour autant été épargnés.

La stagnation des revenus en Europe et la multiplication par deux en Turquie n'auront qu'atténuer la dégringolade sur les autres débouchés régionaux, pays asiatiques en tête.

Sans s'avancer sur le terrain des perspectives chiffrées en raison des incertitudes liées à l'évolution de la situation sanitaire, la direction assure que son carnet de commandes pour 490 millions et les prémices de rétablissement constatés dans l'industrie textile laissent augurer une embellie en seconde moitié d'année.

Le directeur général Norbert Klapper a indiqué qu'il faudrait pour boucler l'exercice à l'équilibre réaliser au second semestre un chiffre d'affaires de 400 millions. "Ce montant n'est pas inatteignable, mais il demeure prématuré d'avancer un chiffre concret", a indiqué en conférence téléphonique le directeur général Norbert Klapper.

L'industriel ne redoute pas un assèchement des liquidités, y compris en cas de persistance de la crise. Les liquidités nettes ont dégringolé de 162 millions de francs suisses fin 2019 à 36 millions au terme du premier semestre 2020. Le groupe assure néanmoins dans son rapport intermédiaire disposer de fonds liquides à hauteur de plus de 250 millions et de lignes de crédits inemployées autour de 500 millions.

Entre déception et scepticisme

La contre-performance n'est pas passée inaperçue des analystes, pas plus que le flou autour des perspectives.

Vontobel accueille ainsi les "pires entrées de commandes depuis dix ans, assorties de perspectives peu inspirantes". L'analyste rappelle que l'entreprise disposait déjà avant la crise sanitaire d'une visibilité limitée, entre prix du coton au plancher, tensions commerciales, incertitudes politiques ou encore contraintes financières.

"Le plafonnement à moins de 5% des annulations de commandes constitue une relativement bonne nouvelle", note Baader Helvea. Le courtier genevois prévient toutefois qu'il en faudra beaucoup d'autres pour éviter de conclure l'exercice 2020 sur de nouveaux mauvais résultats.

A la Bourse, l'action Rieter a fini en hausse de 2,8% à 88,40 francs suisses, dans un SPI en recul de 0,25%.

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