Zurich (awp) - Le groupe industriel Rieter s'attend à supprimer entre 400 et 600 postes de travail, essentiellement dans la production et à l'étranger, en plus des 300 déjà annoncés dans le cadre de son programme d'optimisation "Next Level" lancé en juillet dernier.

Dans un communiqué diffusé vendredi, la holding winterhouroise cotée à la Bourse suisse explique que ces coupes seront nécessaires "au vu de la situation actuelle du marché", même si le nombre exact de postes qui passeront à la trappe dépendra des entrées de commandes au cours des prochains mois.

En téléconférence, le directeur général (CEO) Thomas Oetterli a précisé que la réduction de voilure concerne les sites de production en Allemagne, Tchéquie, Inde et Chine. Celui de Winterthour - qui n'a plus d'activité de production - ne sera pas touché, a poursuivi le patron de Rieter, confirmant dans la foulée la suppression d'une centaine de postes annoncée dans le cadre du programme précédent.

Sur les neuf premiers mois de 2023, les nouvelles commandes se sont montées à 452,2 millions de francs suisses, moins de la moitié de celles engrangées à la même période un an plus tôt, une contre-performance que Rieter explique par la réticence de la clientèle à investir dans de nouvelles machines, en raison notamment de la hausse des taux d'intérêt et du renchérissement de l'énergie et des matières premières.

Creux de la vague atteint

Au cours du seul troisième trimestre, les entrées d'ordres ont chuté de 44% sur un an, à 127,2 millions. Rieter estime que le marché a atteint son nadir en 2023 et table sur un redressement graduel l'an prochain. Pour le dernier trimestre de 2023, la direction estime que des nouvelles commandes à hauteur de 170 à 200 millions de francs suisses sont à portée de tir.

Les recettes ont quant à elles progressé de 10,7% sur neuf mois en rythme annuel, pour s'inscrire à 1,09 milliard de francs suisses. A fin septembre, le carnet de commandes s'établissait autour de 900 millions - contre 2 milliards un an plus tôt - ce qui devrait permettre une "bonne utilisation des capacités de production en 2024".

Pour l'exercice en cours, la direction de Rieter s'attend à voir les frais liés à son programme de restructuration grever son résultat à hauteur de 45-50 millions de francs suisses. Les objectifs annuels n'en sont pas moins confirmés, à savoir, une marge opérationnelle (Ebit) de 5 à 7% et des ventes de l'ordre de l'exercice précédent, soit environ 1,5 milliard.

M. Oetterli a par ailleurs réitéré sa volonté de rendre l'entreprise "durablement profitable" grâce au programme "Next Level", qui devrait notamment permettre de réduire la base de coûts de 80 millions de francs suisses.

Année de transition

Si le chiffre d'affaires correspond peu ou prou aux projections des analystes sondés par l'agence AWP, l'ampleur de la dégringolade des nouvelles commandes en revanche s'est avérée supérieure aux pronostics les plus conservateurs.

L'année 2023 est un exercice de transition, entre vieux contrats, coûts de restructuration, ventes de biens immobiliers, relève la Banque cantonale de Zurich (ZKB) dans une note, soulignant la difficulté que rencontrent les clients de Rieter à financer des gros projets, qui sont de ce fait souvent retardés.

Si l'érosion de la demande - dans toutes les régions sauf la Chine - ne constitue pas en soi une surprise, son ampleur reflète les conditions de marché difficiles que traverse la branche, signale pour sa part Baader Helvea.

Le marché a accueilli avec une certaine impassibilité les chiffres de l'industriel winterthourois et le nouveau coup de rabot sur ses effectifs. La nominative Rieter a reculé de 1,2% à 80,30 francs suisses, sous-performant à peine un marché SPI en repli de 0,97%.

buc/ck