Zurich (awp) - La Bourse suisse voyait ses gains s'effilocher vendredi à l'approche de la mi-journée, son indice phare SMI virant au rouge et au-dessous de la barre des 11'200 points. Alors que la saison des résultats annuels se poursuit, les investisseurs n'en demeurent pas moins hésitants, s'interrogeant sur l'évolution de la politique monétaire des principales banques centrales.

A ce titre, les marchés devraient porter leur attention sur les propos que tiendront la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, et de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, lesquelles prendront part à une table ronde dans le cadre du Forum économique mondial (WEF) de Davos.

Ces derniers jours, les membres des banques centrales américaine et européenne ont multiplié les déclarations repoussant l'idée d'une baisse des taux d'intérêt aussi rapide et importante que prévu par les marchés. "Si les données (sur l'inflation) continuent à surprendre à la baisse, il me sera possible de me sentir suffisamment à l'aise pour plaider en faveur" d'une baisse des taux de la Réserve fédérale (Fed) américaine "avant le troisième trimestre", a déclaré jeudi Raphael Bostic, président de la Fed d'Atlanta. "Il faudrait que les preuves soient convaincantes", a-t-il cependant averti.

"L'économie américaine est trop solide pour nécessiter une baisse des taux de la Fed dès mars", coupe pour sa part court Ipek Ozlardeskaya, analyste de Swissquote Bank. Les signes que "les investisseurs continuent d'anticiper une inflation potentiellement élevée, tout en pariant que la Fed va commencer à réduire ses taux dans quelques mois", représente aux yeux de l'experte un "paradoxe". 

Parmi les informations macroéconomiques du jour, l'inflation au Japon a de nouveau ralenti en décembre. Le renchérissement est revenu à son plus bas niveau depuis juin 2022 grâce notamment à une décrue des prix du gaz et de l'électricité. Les ventes au détail se sont effondrées en décembre au Royaume-Uni, chutant bien plus qu'attendu.

En Suisse, l'indice des prix à la production et à l'importation (PPI) a poursuivi son repli en décembre, s'affaissant de 0,6% sur un mois et de 1,1% sur un an. Ce nouveau recul a modéré le renchérissement annuel à 0,2%.

Les investisseurs se pencheront encore ce vendredi sur la confiance du consommateur américain selon l'Université du Michigan.

Après s'être étoffé de 0,46% à l'ouverture, le SMI a consolidé ses gains dans les premiers échanges, avant de progressivement fléchir et passer dans le rouge vers 10h40. Quelques minutes plus tard, soit vers 10h50, il demeurait stable à 11'185,42 points. Le SLI perdait pour sa part un peu de terrain, affichant un imperceptible repli de 0,09% à 1765,09 points, alors que l'indicateur élargi SPI stagnait à 14'568,93 points.

Sur les trente valeurs constitutives du Swiss Leader Index, douze perdaient du terrain, les dix-huit autres en gagnant. En bas de tableau, ABB (-3,4%) héritait de la lanterne rouge. L'agence Bloomberg rapporte que le géant zurichois de l'électrotechnique a reçu de la part de deux comités du Congrès américain des demandes d'éclaircissements quant à ses importantes activités en Chine.

Le fabricant d'équipements électriques, de systèmes d'entraînement et de robots était devancé par Lonza (-1,9%) et UBS (-0,7%). Bloomberg croit savoir que le numéro un bancaire helvétique a abandonné le projet de vente des activités "Distressed Debt" de Credit Suisse.

Kühne + Nagel (-1,2%), VAT Group (-0,6%) et Swatch Group (-0,6%), notamment, venaient grossir les rangs du camp des perdants. A l'autre extrémité du classement, Swiss Re (+0,8%) prenait la direction des opérations, devant la défensive Swisscom (+0,7%) et les poids lourd Novartis (+0,7%) et Nestlé (+0,7%). Le bon Roche (+0,04%) gardait de justesse la tête hors de l'eau.

Ayant bondi en début de séance, Richemont ne prenait plus que 0,6%, après la publication la veille du chiffre d'affaires annuel du géant genevois du luxe et les relèvements dans la foulée des objectifs de cours du titre par Oddo Bhf, UBS et CFRA.

Sur le marché élargi, Implenia décollait de près de 14%, UBS ayant entamé la couverture du titre du numéro un suisse de la construction misant sur un cours de 41 francs suisses. Temenos (4,5%) n'était pas en reste, le développeur genevois de logiciels bancaires ayant bouclé le dernier trimestre de l'exercice 2023 sur des résultats en hausse.

Basilea (+3,3%) avait aussi les faveurs des investisseurs, la société biopharmaceutique ayant annoncé que les ventes de son antifongique Cresemba (isavuconazole) en Amérique latine ont franchi un seuil déclenchant un premier paiement d'étape de son partenaire de distribution Knight Therapeutics.

Zehnder chutait de 2,8%. Le spécialiste de l'aération et du chauffage a enregistré un chiffre d'affaires en baisse en 2023. Le producteur st-gallois de dispositifs de fixation métalliques SFS Group lâchait 1,4%, après avoir souffert l'an dernier de conditions rendues difficiles. Le chiffre d'affaires s'est néanmoins enrobé de 12,6% à 3,09 milliards de francs suisses.

Ascom peinait aussi (-1,3%), quand bien même le développeur de solutions de communication en milieu hospitalier a étoffé sa marge brute opérationnelle sur la seconde moitié de l'année écoulée, pour atteindre sur l'ensemble de l'exercice 10,1%, selon des résultats préliminaires.

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