Zurich (awp) - Affecté par une demande durablement faible, le fabricant de machines textiles Rieter va se restructurer. Le groupe prévoit de biffer entre 300 et 600 emplois, principalement à son siège de Winterthour et en Allemagne.

Il s'agira de supprimer quelque 300 postes dans l'ensemble du groupe, précise un communiqué publié jeudi. Rieter n'exclut cependant pas de porter ce nombre à 400-600 suivant l'évolution "des marchés et des volumes". A fin juin, l'effectif total s'élevait à 5555 collaborateurs.

Contactée par l'agence AWP, une porte-parole a précisé que les coupes s'effectueraient principalement à Winterthour et en Allemagne. La phase de consultation du personnel commencera prochainement. Des informations suivront en temps utile, précise le communiqué.

Le paquet de mesures baptisé "Next Level" est qualifié par Rieter de "programme de performance". Il vise à obtenir des économies annuelles de l'ordre de 80 millions de francs suisses, moyennant un coût unique de 45 à 50 millions qui sera comptabilisé au deuxième semestre de cette année. La plupart des dispositions seront mises en oeuvre d'ici la fin de l'année. La fin du programme devrait intervenir début 2024.

Ces mesures visent à éviter que Rieter ne retombe dans les chiffres rouges, a expliqué en téléconférence le nouveau directeur général (CEO) Thomas Oetterli, entré en fonction en mars, qui assure que "ce programme d'économies répond à une urgence". Le dirigeant craint une chute des recettes liées à la faiblesse de la demande et juge "inacceptable" le risque de boucler l'exercice 2024 sur un Ebit négatif.

Rentable au 1er semestre

Les analystes parviennent à la même conclusion, anticipant une année 2024 très compliquée pour le groupe et soulignant la nécessité de mesures. La Banque cantonale de Zurich (ZKB) remarque que la sous-utilisation des capacités dans l'industrie textile affecte non seulement la livraison de nouvelles machines de Rieter, mais aussi son activité des consommables, traditionnellement plus stable.

L'industriel winterthourois déplore une évolution des marchés difficiles au cours des deux dernières années, marquées par des difficultés d'approvisionnement et une hausse généralisée des coûts. "Il n'y a pas d'alternative à ces mesures douloureuses", a lancé le patron de Rieter.

Au premier semestre, les entrées de commandes ont sombré de près de deux tiers (-63%) à 325 millions de francs suisses. Le chiffre d'affaires s'est néanmoins étoffé de 22,2% à 758 millions, malgré l'annulation de certaines commandes en raison du tremblement de terre en Turquie.

L'excédent opérationnel avant intérêts et impôts (Ebit) a atteint 25,2 millions de francs suisses, à comparer à la perte de 10,2 millions au premier semestre 2022. Le bénéfice net s'est inscrit à 13,3 millions, après un débours de 25,2 millions un an plus tôt.

Malgré ce retour dans les chiffres noirs, la performance de Rieter s'est avérée globalement inférieure aux attentes des analystes sollicités par AWP. Les entrées de commandes, l'Ebit et le bénéfice net sont ressortis en dessous des prévisions, alors que le chiffre d'affaires se situe dans le haut de la fourchette des estimations.

Pour l'ensemble de l'année en cours, l'industriel zurichois table sur une marge Ebit comprise entre 5 et 7% et des recettes stables à environ 1,5 milliard de francs suisses.

Après avoir chuté de plus de 3% en début de séance, l'action Rieter était stable à la mi-journée, à 91,60 francs suisses. L'indice SPI reculait marginalement de 0,05%.

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