Zurich (awp) - Le constructeur de machines textiles Rieter a accusé l'an dernier un recul de ses revenus, ainsi et surtout qu'un tarissement de la demande pour ses produits, selon un compte-rendu diffusé mercredi. La rentabilité doit néanmoins s'être nettement rétablie, pour combler largement les nouvelles ambitions de la direction en la matière.

La marge d'exploitation avant charges fiscales, d'intérêt, amortissements et dépréciations (Ebit) se sera élevée dans le haut de la fourchette visée de 5 à 7% formulée en octobre dernier, contre 2,1% en 2022, selon des estimations encore préliminaires.

Le chiffre d'affaires s'est étiolé de 6,1% à 1,42 milliard de francs suisses, quand les entrées de commandes ont été élaguées de plus de moitié à 542 millions.

Attentes modestes, mais déçues

Les résultats s'inscrivent en dessous des projections les moins optimistes formulées par les analystes consultés par AWP. Les nouvelles commandes devaient représenter au moins 623 millions de francs suisses, quand les recettes n'étaient pas attendues en-deçà de 1,47 milliard.

Principale source de revenus, l'unité Machines et systèmes a vu sa contribution aux ventes s'éroder de 5%, quand la demande s'est évaporée de trois quarts à 663,9 millions de francs suisses. Les revenus et commandes de composants ont aussi reculé. Seul le service après-ventes a affiché une croissance.

Sans s'avancer pour l'heure sur le terrain des perspectives quantifiées, l'industriel winterthourois insiste sur la persistance de vents contraires conjoncturels et géopolitique, pesant sur une demande déjà anémique, mais perçoit aussi des signes de rétablissement. Une nouvelle feuille de route à brève échéance devrait être établie d'ici la présentation des résultats 2023 détaillés, le 13 mars.

Les analystes reconnaissent n'avoir pas anticipé l'ampleur de l'évaporation de la demande sur les trois derniers mois de l'année écoulée. Emrah Basic, chez Baader Helvea, souligne que le phénomène a atteint 90%, alors qu'il tablait sur une stagnation pour le moins. L'analyste en déduit une faiblesse persistante de la demande sous-jacente, mue par un climat de consommation morose et des difficultés de financement chez les clients.

Reports de commandes

Le directeur général (CEO) Thomas Oetterli a tenu en téléconférence à préciser qu'un volume de commandes de l'ordre de 100 millions de francs suisses avait été reporté sur l'exercice 2024, du fait de la complexification du financement de projets. Le responsable considère en outre que le point d'inflexion au fond du cycle a désormais été franchi.

Le rétablissement évoqué de la rentabilité opérationnelle par contre séduit les observateurs. Christian Arnold, pour Stifel, calcule que l'excédent doit frôler les 99 millions de francs suisses, au lieu des 93 millions pronostiqués. L'expert juge néanmoins urgente une reprise de la demande, faute de quoi l'objectif du milliard de francs suisses de recettes sur l'exercice en cours devra être revu à la baisse, mettant en danger le maintien du groupe du bon côté de l'équilibre financier.

Walter Bamert déplore pour le compte de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) une visibilité restreinte, y compris pour la nouvelle direction. Si les mesures adoptées semblent porter leurs fruits, il manque encore l'embellie conjoncturelle qui leur permettra de mûrir.

A 10h35, la nominative Rieter s'effilochait de 1,94% à 81,00 francs suisses, alors que l'indice de référence SPI progressait de 0,2%.

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