Bâle (awp) - Roche est parvenu sur les six premiers mois de l'année à contrer la concurrence naissante des biosimilaires sur ses principaux moteurs de ventes, mais la direction s'attend à subir une pression accrue sur ce front à partir de l'an prochain. Les récents lancements de nouveaux médicaments ont de leur côté généré des revenus inespérés, aussi bien par la direction que par les analystes.

Le chiffre d'affaires de la multinationale rhénane a enflé de 5% à 26,34 mrd CHF. Autant la division Pharmaceuticals que l'unité Diagnostics ont participé à cette croissance.

L'excédent opérationnel (Ebit) de base a grappillé 3% pour s'établir à 10,14 mrd et le bénéfice net a grignoté 2% à 5,58 mrd. Le bénéfice par action de base s'est enrobé de 6% à 8,23 CHF, détaille jeudi le rapport d'activité du colosse pharmaceutique. Les variations monétaires sont demeurées sans impact sur l'évolution des résultats.

La performance s'inscrit au delà des espérances des analystes consultés par AWP, qui misaient en moyenne sur un chiffre d'affaires de 26,10 mrd CHF. Les projections plafonnaient l'Ebit de base à 10,09 mrd et le bénéfice par action de base à 8,05.

DÉBUTS REMARQUÉS POUR LE TECENTRIQ ET L'OCREVUS

Pharmaceuticals a vu ses ventes s'étoffer de 5% à 20,52 mrd CHF, alors que les prévisions moyennes s'établissaient à 20,21 mrd. Une moitié de cette croissance est attribuée aux médicaments nouvellement lancés: les anticancéreux Tecentriq (237 mio) et Alecensa (148 mio), ainsi que l'Ocrevus (192 mio) contre la sclérose en plaques, dont les revenus combinés ont atteint le demi-milliard.

Cet apport a été en partie contrebalancé par la fonte des ventes du Tarceva (-17% à 436 mio), du Tamiflu (-12% à 364 mio) et du Pegasys (-35% à 92 mio). La contribution des moteurs de ventes MabThera/Rituxan et Herceptin a progressé de 3% dans les deux cas à respectivement 3,84 et 3,54 mrd CHF. Avastin (-1% à 3,41 mrd CHF) a par contre marginalement ralenti.

Le directeur général (CEO) Severin Schwan a toutefois prévenu en téléconférence que la concurrence des biosimilaires commencera à s'exacerber à partir de l'année prochaine. Le patron entend néanmoins plus que compenser cet impact grâce aux lancements de nouveaux produits.

"Il existe déjà des biosimilaires pour MabThera, et pour Herceptin nous nous attendons à les voir lancés vers la fin du deuxième semestre, de sorte que leur impact sur le chiffre d'affaires ne se fera vraiment nettement sentir qu'à partir de l'année prochaine", a expliqué lors d'une conférence à l'attention des analystes Daniel O'Day, CEO de la division Pharma.

Diagnostics a accéléré dans la même proportion que Pharmaceuticals à 5,82 mrd CHF, soit un peu moins que les 5,87 mrd articulés par le consensus. Diabetes Care a subi une nouvelle correction de 4% à 962 mio CHF mais toutes les autres subdivisions ont progressé entre 1% et 13%. La meilleure performance revient à Tissue Diagnostics, qui avec 485 mio demeure la plus modeste. Centralised and Point of Care Solutions demeure de loin la principale source de revenus avec 3,46 mrd (+8%).

La direction relève marginalement ses ambitions pour l'ensemble de l'exercice, tablant désormais sur une croissance dans le haut d'un couloir plafonné jusque là à 5%. Le bénéfice par action de base doit toujours suivre une courbe parallèle aux ventes. Le conseil d'administration fait par ailleurs miroiter une augmentation de la rémunération des actionnaires.

CONFIANCE À COURT TERME

Si la croissance est demeurée marginalement supérieure aux attentes, la rentabilité s'est inscrite nettement en dessus, relève Morgan Stanley. Le géant bancaire ne cache pas sa surprise face aux revenus de l'Ocrevus contre la sclérose en plaques, près de quatre fois supérieurs aux pronostics ou à ceux de l'anticancéreux Alecensa, plus deux fois au dessus des projections.

Baader Helvea salue un "excellent premier semestre", porté exclusivement par les activités pharmaceutiques. Le lancement de l'Ocrevus s'apparente à une mise sur orbite et les franchises oncologiques sont demeurées robustes, note le courtier genevois.

La concurrence des génériques commencera à se faire sentir en seconde moitié d'année sur le marché européen et dès l'an prochain outre-Atlantique, dans des proportions pour l'heure inconnues, prévient la Banque cantonale de Zurich (ZKB). L'établissement rappelle que Roche s'est raté en phase III sur le Tecentriq contre le cancer de la vessie, qui représentait 70% du potentiel des ventes de ce médicament. L'ACE910 contre l'hémophilie A, en dépit de résultats prometteurs, reste par ailleurs sujet à controverse.

A la Bourse, le bon de jouissance Roche a perdu une bonne partie de ses gains et a fini en hausse de 0,21% à 242,90 CHF, dans un SMI en hausse de 0,31%.

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