Installer des volets manuels ce sera bientôt comme de vendre une voiture sans fenêtres électriques : incongru !

Cécile Jacquot est responsable au niveau national de la qualité produit pour la partie promotion résidentielle du Crédit Agricole Immobilier. Sonia Aubineau est responsable de la prescription pour le Sud-Ouest chez Schneider Electric. Elle a collaboré à plusieurs reprises avec Cécile Jacquot sur des projets portés par le Crédit Agricole Immobilier.

Entre un état des lieux prometteur et des perspectives pragmatiques pour le futur, elles lancent le débat sur le véritable potentiel de la connectivité dans la promotion immobilière.

Quelles solutions connectées sont véritablement avantageuses pour les promoteurs ? Quelles innovations peut-on vraiment voir être adoptées ? La connectivité va-t-elle s'imposer par défaut dans tous les projets ? Autant de questions brûlantes sur lesquelles nos expertes donnent leur point de vue.

Titre : Cécile Jacquot, responsable au niveau national de la qualité produit pour la partie promotion résidentielle du Crédit Agricole Immobilier

Descriptif : Photo de Cécile Jacquot

Vous travaillez toutes les deux à des postes opérationnels qui vous donnent une vision privilégiée de l'actualité et du futur de la promotion immobilière. Comment imaginez-vous l'habitat connecté en 2030 ?

CJ : Pour moi l'habitat connecté en 2030 devra prendre en compte toutes les préoccupations que nous avons déjà aujourd'hui concernant l'énergie et le climat. Il devra aussi, c'est ma conviction personnelle, prendre en compte l'aspect « service à l'individu ». Par-là, je veux parler de tous les services qui, à l'échelle de la maison et de la ville, facilitent la vie des habitants (administrations, sécurité, consommation, etc.).

À mon sens, la connectivité ne peut par ailleurs pas être imaginée qu'à l'échelle de l'habitat : nous devons aussi l'envisager à l'échelle de la ville, de la métropole.

Je ne suis pas aujourd'hui en mesure de prédire ce que sera la ville connectée de demain. En revanche, chez Crédit Agricole Immobilier, nous accordons beaucoup d'importance à l'expérimentation et à l'innovation. C'est pour cela que nous soutenons de nombreuses start-up, qui (ré)inventent la connectivité de demain. Parfois ces expérimentations sont des succès, parfois non, mais il est crucial pour nous de soutenir l'innovation dans tous les domaines.

Deux paramètres essentiels émergent de ces expérimentations en matière de Smart City : la notion de « ville verte » et la notion de connectivité. Il va falloir les faire grandir ensemble, les faire cohabiter.

Pour relever ce défi, nous n'hésitons pas à faire des projets pilotes avec des start-up, notamment grâce à nos « Villages by CA ». Dans plusieurs villes de France Métropolitaine ou à la Réunion, nous avons créé ces villages qui permettent de regrouper des start-up déjà existantes (ce ne sont donc pas des incubateurs), que nous accompagnons dans leur développement. Quand les projets sont des succès, nous pouvons les dupliquer et prendre en charge une partie de la production.

Nous avons par exemple en ce moment une expérimentation en cours dans la région toulousaine qui s'appelle Latitude 43, qui associe une vision humaniste de l'habitat collectif (les résidences sont basses, très verdoyantes) et un confort haut de gamme grâce à la connectivité. Nous y avons mis en place des services comme l'autopartage et le vélo-partage. Nous y testons aussi la possibilité d'un habitat collectif avec un logement partagé : ce logement appartient à la copropriété et il est partagé par les occupants, qui peuvent le louer en fonction d'un calendrier qui est mis à disposition (pour accueillir de la famille ou des amis par exemple). Dans cette expérimentation, la connectivité trouve toute sa place : c'est elle qui permet au dispositif de fonctionner. La connectivité nous permet aussi d'y intégrer des fonctionnalités de service, comme la possibilité de fournir des informations sur la ville et le quartier aux occupants.

Titre : Sonia Aubineau, responsable de la prescription pour le Sud-Ouest chez Schneider Electric

Descriptif : Photo de Sonia Aubineau

SA : Pour les promoteurs, la connectivité devient aujourd'hui un enjeu majeur et sera à mon avis totalement intégrée, de façon toujours plus innovante, d'ici une dizaine d'années. Concernant la connectivité, les deux points les plus importants pour la plupart des promoteurs sont la notoriété de leur marque et l'amélioration du confort des habitants. Par-dessus ces deux aspects, vient se greffer la question des économies d'énergies, qui occupe de plus en plus de place, notamment grâce à l'arrivée de la RE2020. À la fois contraints par les normes énergétiques, mais aussi poussés par une volonté d'évolutivité des logements, les promoteurs s'intéressent de plus en plus à la transition énergétique et décarbonation.

La connectivité n'est donc pas pour eux une contrainte, mais plutôt une opportunité pour faire évoluer les logements qu'ils proposent. J'aime faire l'analogie avec les voitures : aujourd'hui, vous n'achèteriez pas une voiture dont les fenêtres se remontent avec une manivelle. La connectivité en est à ce stade : bientôt, il vous semblera incongru d'acheter un logement dont les volets roulants doivent être remontés manuellement.

Toutefois, il faut reconnaître que pour les maîtres d'ouvrages, la connectivité peut être complexe, en raison du manque (perçu) d'interopérabilité. Simplement grâce à la commande par la voix par exemple, ils vont pouvoir sans problèmes associer nos solutions à d'autres solutions telles que les solutions de sécurités de spécialistes. L'écosystème connecté peut donc encore parfois leur apparaître comme trop complexe, c'est ça qui les freine encore à mon sens.

Cécile Jacquot, vous mentionniez des projets dans lesquels la connectivité servait le partage d'infrastructures ou de services entre les habitants, pourriez-vous nous en dire plus ?

La connectivité est au cœur de nos projets de partage, puisqu'elle est présente dans le logement et qu'elle permet les interactions des habitants autour des espaces partagés. Je vous parlais d'un logement partagé, mais nous menons aussi des expérimentations autour de terrasses, d'une pièce ou d'un évènement. Par exemple, en région lyonnaise, nous avons créé un local où nous avons mis des outils à disposition des habitants. Le partage de l'outillage est lui aussi géré via une application. C'est une des possibilités de la connectivité et nous allons de plus en plus vers ce genre de solutions.

Sonia Aubineau, quelle est votre vision de ces expériences de partage via la connectivité ?

Je trouve que c'est une perspective enthousiasmante ! Pour moi, au-delà du partage, il y a vraiment cette idée de mettre la connectivité au service des habitants et de leur confort de vie.

Cécile Jacquot, dans quelles autres directions faites-vous des expérimentations en matière de connectivité du logement ?

Nous menons également des expérimentations et développons des projets sur un axe qui est pour nous fondamental et dans lequel la connectivité trouve toute sa place : le logement évolutif et modulable. Notre vision est la suivante : demain, les familles et les habitants ne changeront plus de logement au fil du temps, c'est le logement qui s'adaptera à eux. Nous croyons beaucoup au logement qui évolue avec la cellule familiale.

Nous proposons des logements évolutifs et modulables que nous appelons Homdyssée et qui sont commercialisés (pour toutes les typologies) avec trois types de plans, qui correspondent à trois évolutions possibles du logement (avec une chambre en plus ou en moins, un séjour plus ou moins grand, etc.). Cela permet, par exemple, de récupérer une chambre pour agrandir le salon quand un des enfants quitte la maison ou d'adapter le logement si une famille monoparentale devient une famille recomposée.

Dans cette vision du logement évolutif, la connectivité est partout ! Si on imagine des cloisons qui doivent pouvoir être amovibles, alors des interrupteurs à impulsion comme ceux de Schneider Electric nous intéressent beaucoup : on ne peut pas mettre les câblages habituels, il faut donc une solution comme celle-ci, qui nous permet de déplacer facilement les interrupteurs. Des innovations comme celles que propose Schneider Electric sont donc essentielles pour permettre de faire exister notre vision. Elles permettent à nos clients présents et futurs de faire évoluer leurs logements à moindre coût, sans avoir besoin de faire intervenir un entrepreneur.

Sonia Aubineau, quelle vision avez-vous du rôle de la connectivité dans les logements modulables ?

SA : Chez Schneider Electric, nous avons eu la chance d'accompagner CA Immobilier sur le projet Envue, leur premier projet de logements modulables. Nous y avons installé des produits qui n'étaient pas encore sortis à l'époque, comme Odace Pop, notre solution d'éclairage et de volets roulants sans-fils et sans piles. Ici la connectivité joue un rôle opérationnel central : puisque les commandes se font par connectivité et non par fils, le jour où l'occupant veut moduler son logement, les branchements ne sont plus un frein et les choses peuvent se faire sans travaux lourds.

Ça n'a l'air de rien, mais c'est une révolution très attendue par tous les promoteurs, qui y voient aussi une superbe opportunité commerciale pour les Travaux Modificatifs Acquéreur. Certains me disent même que ces solutions sans-fil feront partie de leur offre de base, hors TMA. Cette simplification des solutions via la connectivité simplifie donc la vie des usagers, mais aussi celles des professionnels de la construction. Les promoteurs immobiliers et les installateurs ne s'y trompent pas, et ils ont tout de suite perçu la valeur que ces solutions pouvaient avoir pour leurs métiers.

Titre : Le logement évolutif

Descriptif : Un couple réfléchit aux changements et évolutions de son logement

À la lumière des analyses et des perspectives que vous venez de partager avec nous, quels sont les défis que doit relever la connectivité pour permettre et soutenir ces (r)évolutions ?

CJ : Cette réponse n'est pas la même pour tous les acteurs de la connectivité. Pour des entreprises comme Crédit Agricole Immobilier, l'enjeu est d'être capable de s'adapter et d'évoluer pour intégrer les innovations les plus récentes à nos projets. Comme je l'ai dit, nous croyons aussi beaucoup au service aux habitants, et donc à une forme de simplicité et d'intuitivité de la connectivité.

Pour nous, le défi va aussi être celui du coût. Nous sommes déjà très contraints au niveau réglementaire en ce qui concerne l'énergie et, avec l'augmentation actuelle du prix des matériaux de base, nous devons faire un effort financier conséquent.

Aujourd'hui, toutes nos nouvelles gammes sont lancées avec des logements connectés ou connectables. Nous sommes accompagnés par Lono pour bénéficier d'un accompagnement « Smart » sur tous nos projets et offrir à nos clients des logements qui seront connectables dans le futur s'ils le souhaitent (même s'ils choisissent de les acheter aujourd'hui en version non connectée).

SA : Un des gros défis qui, je le pense, attend la connectivité est celui du partage de l'énergie : comment permettre aux usagers, grâce à la connectivité, de partager l'énergie et de réaliser des économies énergétiques. Pour relever ce défi, la connectivité devra permettre la connexion à l'échelle des quartiers, pour rendre disponibles les informations concernant la quantité d'énergie disponible (dans le cas d'une production en partie autonome). Ce serait une solution idéale pour décarboner le logement et réduire les coûts associés.

On se dirige déjà vers cette problématique de la gestion énergétique, puisque les habitants peuvent gérer leur chauffage grâce à des solutions connectées, et ainsi moins consommer. Mais, à mon sens, le futur de la connectivité sur ces questions énergétiques se jouera à l'échelle des éco-quartiers.

Quelles sont les attentes du Crédit Agricole Immobilier vis-à-vis d'un industriel comme Schneider Electric, pour que la connectivité entre dans les mœurs et devienne aussi intuitive et standardisée que la pose d'un chauffe-eau ou d'un thermostat ?

CJ : Nous avons plusieurs attentes :

  1. Coût accessible
  2. Intuitivité
  3. Interopérabilité

Nous voulons pour nos clients une grande simplicité d'utilisation entre leurs différentes solutions connectées ! L'interopérabilité est centrale : nous voulons être certains que tous les produits que nous offrons vont pouvoir, simplement et intuitivement, fonctionner en symbiose.

Nous sommes aussi très vigilants quant à la sécurisation des données. C'est un paramètre important pour nos clients, qui expriment souvent des craintes à ce niveau. En travaillant avec des acteurs reconnus, dont Schneider Electric, nous faisons le choix d'un acteur majeur qui peut nous offrir des garanties sur tous ces éléments !

SA : Je partage tout à fait l'analyse de Cécile Jacquot quant à la question du coût, qui est centrale en matière de promotion immobilière. C'est justement à nous, industriels, d'apporter des solutions innovantes et évolutives à un coût maîtrisé. Quand je parle de coût maîtrisé, je veux dire par là qu'il faut que les promoteurs puissent, à minima, absorber ce coût dans la vente du logement. Aujourd'hui ce n'est pas toujours le cas en France et c'est un véritable problème. Trop souvent, quand les promoteurs vendent des logements connectés, ils ne récupèrent pas cette plus-value au moment de la vente. Nous avons la chance d'avoir une nouvelle offre Wiser qui a un coût très maîtrisé face à nos concurrents. Nous répondons donc clairement à la demande des promoteurs à ce niveau-là.

Au-delà du coût, notre solution Wiser a été pensée pour être intuitive, évolutive et interopérable que ce soit pour l'utilisateur que l'installateur.

N'oublions pas aussi l'importance de la cybersécurité, qui est un axe fondamental pour Schneider Electric.

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Schneider Electric SE published this content on 30 September 2021 and is solely responsible for the information contained therein. Distributed by Public, unedited and unaltered, on 30 September 2021 12:21:09 UTC.