TAipei (awp/afp) - L'entreprise taïwanaise GlobalWafers, l'un des plus importants fabricants de composants pour semi-conducteurs, a annoncé mardi l'abandon de son projet de rachat d'un concurrent allemand faute d'avoir reçu le feu vert des autorités allemandes dans les délais impartis.

GlobalWafers a signé en décembre 2020 un accord avec l'entreprise allemande Siltronic pour acquérir toutes ses actions en circulation, moyennant une prime de 10%, pour environ 4,5 milliards de dollars.

Cette opération nécessitait néanmoins l'approbation réglementaire de Berlin mais elle faisait toujours défaut à l'échéance de la date butoir dans la nuit de lundi à mardi, a indiqué GlobalWafers dans un communiqué.

"Par conséquent, l'offre de reprise par GlobalWafers et les accords qui ont vu le jour (...) ne seront pas réalisés", a annoncé l'entreprise taïwanaise, qui va devoir verser à Siltronic une indemnité de résiliation de 50 millions d'euros.

Sa patronne Doris Hsu a qualifié cette décision de "décevante", assurant que GlobalWafers s'efforcerait "d'analyser la non-décision" de Berlin.

Siltronic a confirmé qu'aucun certificat d'autorisation n'avait été délivré par le ministère fédéral allemand de l'Economie et de la Protection du climat.

En Allemagne, des représentants politiques de tous bords soutenaient l'échec de cette transaction.

"Nous ne gagnons pas en souveraineté technologique en vendant notre joyau", a déclaré Hannes Walter, vice-président de la commission économique du Bundestag.

Julia Klockner, porte-parole en matière de politique économique pour le groupe parlementaire CDU/CSU (centre-droit), a estimé qu'il était important de "garder à l'esprit nos intérêts en matière de sécurité".

Les gouvernements examinent de plus en plus attentivement les projets d'acquisition dans l'industrie technologique, au moment où le monde fait face à une pénurie de semi-conducteurs dans le sillage de la pandémie de Covid-19, faisant de ce composant un enjeu majeur de sécurité nationale.

L'autorité américaine de la concurrence (FTC) s'est opposée en décembre au projet de rachat par Nvidia du spécialiste britannique des microprocesseurs Arm parce que la nouvelle entité risquait "d'étouffer toute compétition dans les technologies de nouvelle génération".

La Commission européenne a ouvert il y a un mois une enquête sur cette opération à 40 milliards de dollars par peur des effets négatifs sur les prix et sur la concurrence dans ce secteur.

afp/jh