Tokyo (awp/afp) - Le japonais Softbank Group a détaillé lundi ses récentes prises de participation dans des géants technologiques cotés, principalement américains, tout en publiant des résultats trimestriels supérieurs aux attentes grâce à des gains sur investissements.

Le groupe, qui jusqu'à présent privilégiait des investissements dans des start-up, a récemment commencé à miser en parallèle sur des sociétés déjà introduites en Bourse. Au 30 septembre, la valeur totale de ses participations dans de telles sociétés atteignait 16,8 milliards de dollars.

La crème de la tech américaine était représentée dans ce portefeuille de luxe: Amazon (6,3 milliards de dollars d'actions détenues), Facebook (2,2 milliards de dollars), la plateforme de vidéoconférences Zoom (1,8 milliard de dollars), la maison mère de Google, Alphabet (1,4 milliard de dollars) ou encore le géant des vidéos à la demande Netflix (1 milliard de dollars).

"Peu importe qu'une société soit cotée ou non, du moment qu'elle participe à la révolution de l'information" et de l'intelligence artificielle. "Nous investissons dans celles qui réussissent", a déclaré lors d'une conférence de presse le PDG de Softbank Group Masayoshi Son.

Le groupe possédait en outre une montagne de contrats à terme sur des actions d'entreprises cotées, dont la valeur de marché au 30 septembre était de 2,7 milliards de dollars.

Ses manoeuvres à Wall Street avec ces produits financiers hautement risqués avaient été révélés début septembre dans la presse et suscité des inquiétudes.

Softbank Group a d'ailleurs accusé une perte sur ses investissements dans des sociétés cotées sur le trimestre écoulé, à hauteur de 217 milliards de yens (1,76 milliard d'euros), principalement du fait de pertes sur ses dérivés actions.

Cependant ces produits représentent "à peine 1% du total de nos actifs" a assuré M. Son. "Nous devons être à la fois défensif et agressif" dans la manière d'investir, a-t-il encore justifié.

"Pas très populaires"

Pris dans leur ensemble, les résultats de Softbank Group au deuxième trimestre 2020/21 se sont avérés très bons, avec un bénéfice net de 627,5 milliards de yens (5 milliards d'euros) de juillet à fin septembre, contre une perte nette de 700 milliards de yens un an plus tôt.

Ses gains sur investissements pour la période ont totalisé 1.050,4 milliards de yens (8,5 milliards d'euros), contre une perte géante de 1.431 milliards de yens un an plus tôt, où le groupe avait grandement souffert des contreperformances de ses investissements dans WeWork et Uber notamment.

Les fonds d'investissement de Softbank Group dans des startup, Vision Fund 1 et 2, ont même signé un gain trimestriel record.

Monté sans le concours d'investisseurs externes pour l'heure, à la différence de son aîné, le Vision Fund 2, de taille bien plus modeste, a enregistré un premier succès notable avec la réussite de l'introduction en Bourse cet été d'une plateforme immobilière chinoise en ligne, KE Holdings (ou Beike), sur laquelle il avait parié.

"Nous laissons toujours la porte ouverte à des investisseurs tiers, mais nous ne sommes pas très populaires pour le moment", a reconnu M. Son.

"Certains ont cru que le Vision Fund était mort" après l'échec de WeWork, "mais non! Ce n'est que le début", a-t-il encore lancé.

Les résultats du groupe semblent toutefois de plus en plus dépendants de la forme des marchés financiers. Par précaution, il n'a pas livré lundi de prévisions annuelles.

Softbank Group avait lancé au printemps un méga-plan de cessions d'actifs de 4.500 milliards de yens, un objectif largement dépassé (5.600 milliards de yens, soit plus de 45 milliards d'euros) avec la vente d'une partie conséquente de ses parts dans les télécoms (T-Mobile US, Softbank Corp au Japon) et la monétisation d'une partie de ses titres Alibaba, déposés en garantie pour obtenir des liquidités.

Le groupe n'a pas précisé pour l'heure ce qu'il comptait faire de l'immense surplus dégagé par ces cessions d'actifs, alors qu'il utilise le reste pour renforcer ses finances et racheter une partie de ses propres actions.

Il a aussi annoncé mi-septembre la gigantesque vente de sa filiale Arm, fabricant britannique de microprocesseurs, à l'américain Nvidia pour 40 milliards de dollars. Cependant cette transaction complexe ne devrait pas être finalisée avant 2022.

afp/al