PARIS (Agefi-Dow Jones)--Dans un environnement macroéconomique atone, Solvay a accusé un repli marqué de ses volumes au troisième trimestre et vu son chiffre d'affaires s'éroder en conséquence. Cependant, le chimiste est parvenu à améliorer son taux de rentabilité et à soigner ses flux de trésorerie, révélant l'efficacité de sa politique tarifaire et sa rigueur en matière de coûts.

Le chiffre d'affaires de Solvay a chuté de 20,3% sur un an en données organiques lors du trimestre clos fin septembre, à 2,75 milliards d'euros. Ce montant est inférieur aux prévisions des analystes, qui se situaient à 3,01 milliards d'euros, relève Jefferies, alors que la baisse des volumes a coûté 512 millions d'euros de chiffre d'affaires au groupe sur la période.

"La réduction des volumes a été généralisée sur l'ensemble des marchés et des zones géographiques", a indiqué Solvay dans un communiqué. "La baisse des volumes résulte d'une demande plus faible sur l'ensemble de nos marchés finaux, à l'exception de l'aéronautique", a précisé le chimiste.

Dans le sillage de cette baisse des revenus, l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) de Solvay a reflué de 18,5% en données organiques au troisième trimestre, à 702 millions d'euros. Cet indicateur est toutefois ressorti supérieur aux estimations des analystes, qui l'attendaient à 684 millions d'euros, et a diminué moins rapidement que le chiffre d'affaires. La marge d'Ebitda s'est ainsi améliorée de 20 points de base sur la période, à 25,6%.

"Si Solvay a fait état d'un Ebitda meilleur qu'attendu malgré des ventes en dessous des attentes, c'est parce que la baisse des volumes a surtout touché les produits les moins rentables", a indiqué Karim Hajjar, le directeur financier de Solvay, lors d'une conférence avec des journalistes.

"Malgré le contexte macroéconomique difficile, nous avons amélioré notre marge d'Ebitda, grâce aux hausses de prix et à des réductions de coûts supplémentaires", a complété Ilham Kadri, la directrice générale. Au niveau de l'Ebitda du trimestre écoulé, l'effet des prix nets a été positif de 36 millions d'euros, tandis que les coûts fixes ont diminué de 41 millions d'euros.

L'objectif de trésorerie pour 2023 déjà atteint

Dans ce contexte, Solvay vise pour l'ensemble de l'exercice 2023 la borne basse d'une variation organique de l'Ebitda comprise entre une baisse de 5% et une progression de 2%. Cet objectif suppose que Solvay réalise un Ebitda d'environ 2,9 milliards d'euros cette année, ce qui correspond déjà aux anticipations des analystes, souligne UBS.

En juillet dernier, à l'occasion de la publication de ses résultats du premier semestre, Solvay avait indiqué tabler sur une telle variation organique de son Ebitda en 2023, en précisant que la borne inférieure de la fourchette supposait "une stabilisation des volumes au second semestre de cette année" et que la borne supérieure supposait "une reprise modeste des volumes sur la période".

Par ailleurs, grâce au pilotage serré de ses marges, Solvay a déjà atteint à fin septembre son objectif d'un flux de trésorerie disponible d'au moins 900 millions d'euros en 2023. Au cours des neuf premiers mois de l'année, cet indicateur est ressorti à 1,03 milliard d'euros, en hausse de 11,1% par rapport à la période correspondante de 2022.

Citi salue ainsi la gestion disciplinée du fonds de roulement et l'échelonnement des dépenses d'investissement de Solvay, qui lui ont permis de convertir 39,4% de son Ebitda retraité en flux de trésorerie depuis le début de l'année.

Reflétant cette robuste génération de trésorerie, Solvay a annoncé qu'un acompte de 1,62 euro par action serait versé aux actionnaires le 17 janvier 2024 sur le dividende qui sera payé au titre de l'exercice 2023.

Cap sur la scission

A la Bourse de Paris, le titre Solvay recule de 1,8% après ces annonces, à 99,40 euros.

"Il n'y a rien d'inquiétant dans cette baisse du titre, la valeur perd vendredi ce qu'elle a gagné jeudi", note un analyste basé à Paris. "Les investisseurs regardent déjà vers le 13 novembre prochain, date à laquelle Solvay présentera la stratégie et les perspectives des deux entités qui vont naître de sa scission", poursuit-il.

L'opération envisagée prévoit le regroupement des activités de chimie essentielle - carbonate de soude, peroxydes et silices - de l'actuel Solvay au sein d'une structure provisoirement baptisée EssentialCo. Parallèlement, une structure nommée SpecialtyCo réunira les actifs de chimie de spécialité, dont les polymères et les matériaux composites. Après la scission, attendue à la fin de cette année, EssentialCo portera la dénomination sociale de Solvay, tandis que SpecialtyCo s'appellera Syensqo.

Vendredi, le chimiste a annoncé que Philippe Kehren, l'actuel président des activités du groupe dans le carbonate de soude, serait le directeur général du futur Solvay après la scission. Ilham Kadri devrait quant à elle prendre la direction générale de Syensqo.

Solvay soumettra son projet de scission à ses actionnaires à l'occasion d'une assemblée générale extraordinaire programmée le 8 décembre.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV

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November 03, 2023 08:06 ET (12:06 GMT)