Bussnang TG (awp/ats) - Comme attendu, Stadler Rail a souffert de la vigueur du franc l'an passé. Le fabricant thurgovien de matériel ferroviaire a ainsi vu ses commandes se tasser à 2,1 milliards de francs suisses, tout comme ses ventes à 1,76 milliard. Mais l'entreprise reste optimiste.

Au regard de 2014, le chiffre d'affaires s'est tassé de près de 100 millions de francs suisses, ont indiqué lundi les responsables de Stadler Rail au siège du groupe à Bussnang. Les ventes se sont contractées en Suisse et en Allemagne, alors qu'elles ont augmenté sur les marchés cibles, soit en Pologne, en Hongrie, en Italie, aux Pays-Bas et en Scandinavie.

Le repli des commandes reflète pour l'essentiel le report d'ordres de l'année passée vers l'exercice en cours. En 2013 et 2014, la société détenue et dirigée par l'ancien conseiller national (UDC/TG) Peter Spuhler avait enregistré de nouveaux contrats à hauteur de respectivement 2,6 et 2,9 milliards de francs suisses.

Stadler Rail a dû composer avec des effets de change défavorables, lesquels se sont traduits par une forte contraction des marges. La vigueur du franc a coûté pas moins de 100 millions de francs suisses à l'entreprise de Suisse orientale.

PAS D'INQUIÉTUDES

Pas de quoi toutefois inquiéter Peter Spuhler. La plupart des sites du groupe disposent en majorité d'un bon niveau d'occupation de leurs capacités de production, a-t-il assuré. Seul celui de Minsk souffre en raison de la dévaluation du rouble et de la baisse des prix du pétrole et du gaz. Stadler Rail a ainsi dû réduire l'effectif en Biélorussie.

Les ateliers de Bussnang devront eux encore décrocher d'autres contrats afin de disposer de suffisamment de travail l'an prochain, a cependant relevé M. Spuhler. Mais l'exercice en cours a bien démarré, Stadler Rail s'étant assuré au cours des derniers mois des commandes de près de 1 milliard de francs suisses, dont celles de la Südostbahn (SOB) et des chemins de fer régionaux Berne - Soleure (RBS), entre autres.

Conséquence des effets de change en particulier pour les affaires en Suisse et dans les ex-Républiques soviétiques, le fabricant de matériel ferroviaire a revu sa stratégie. Ainsi, Stadler Rail a déjà réussi à se profiler dans de nouveaux segments comme les trains à grande vitesse, les métros, et les locomotives. L'entreprise de Peter Spuhler fournira aux CFF 29 rames "Giruno", lesquelles entreront en service dans le tunnel de base du Gothard.

Dans le cadre de ce repositionnement, Stadler Rail a aussi pris pied sur de nouveaux marchés, à savoir en Grande-Bretagne et en Australie. Le groupe a également étendu son activité aux Etats-Unis.

ACQUISITION EN ESPAGNE

L'année sous revue a aussi été marquée par l'acquisition de l'unité "Rail Vehicles" de la société allemande Vossloh, laquelle produit des locomotives sur son site espagnol de Valence. Ses quelque 850 salariés ont ainsi rejoint Stadler Rail, lequel a vu son effectif passer à 7000 collaborateurs. Désormais, le nombre d'employés à l'étranger est plus important qu'en Suisse.

L'exercice en cours sera pour sa part placé sous le signe du début de la production des trains Giruno (EC250) pour les CFF. Le premier exemplaire devrait effectuer ses premiers tours de roues au printemps 2017, les nouvelles rames à grande vitesse devant circuler selon l'horaire régulier dès 2019.

En parallèle à sa conférence de presse annuelle, Stadler Rail a annoncé la nomination d'un nouveau responsable des finances, en la personne de Raphael Widmer. Âgé de 52 ans et auparavant en charge des finances des affaires globales de haute tension pour ABB, M. Widmer a déjà pris ses fonctions. Il succédera au 1er janvier 2017 à Hansruedi Geel, lequel travaillera à temps réduit pour la société holding de Peter Spuhler.

ats/jh