PARIS (Reuters) - Le consortium Ardian-GIP ne participera pas au projet d'accord conclu entre Veolia et Suez en raison de divergences de vues sur le projet industriel, a annoncé mardi Mathias Burghardt, responsable d'Ardian Infrastructure.

"Ardian et GIP ne participeront pas à l'actuel projet du nouveau Suez", a-t-il dit dans un courriel adressé à Reuters.

Après plusieurs mois de conflit, Veolia et Suez, les deux spécialistes français de la gestion de l'eau et des déchets, ont annoncé le 12 avril un accord de principe sur leur rapprochement pour près de 13 milliards d'euros.

Déjà détenteur de 29,9% du capital de Suez, Veolia a revu en hausse le prix qu'il propose pour racheter le solde du capital de son grand rival tandis que Suez a accepté de réduire le périmètre des activités qui échapperont au rachat par Veolia dans le cadre de cet accord censé être finalisé d'ici le 14 mai.

Représentant un chiffre d'affaires de 7 milliards d'euros, ces actifs ont vocation à être rassemblés dans une nouvelle entité avec pour actionnaires le consortium Ardian-GIP ainsi que le fonds d'investissement Meridiam, la Caisse des dépôts (CDC) et les salariés de Suez.

Ardian-GIP, qui avait formulé en mars une contre-proposition à l'OPA de Veolia mais n'a pas été associé aux discussions ayant abouti à l'accord du 12 avril, considère que ce projet "ne correspond pas" au sien, a dit Mathias Burghardt aux Echos https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/ardian-ne-participera-pas-au-projet-du-nouveau-suez-1308513.

"La part de 25% réservée à l'international dans le cadre de ce 'nouveau Suez' est insuffisante de notre point de vue pour assurer sa croissance, et irriguer l'activité en France", déclare le dirigeant d'Ardian Infrastructure. "Le soutien de l'ensemble du corps social ne semble pas complet. La gouvernance enfin est essentielle. Elle ne peut fonctionner que si les objectifs sont partagés. Ce qui n'est pas le cas. Nous ne participerons donc pas à ce projet."

"Ce n'est pas une posture de négociation. Nous assumons que l'accord aboutisse sans Ardian", ajoute-t-il. "Ce n'est pas une question de pourcentage ou de simple révision de l'équilibre entre la France et l'international. Ni même l'éventualité que nous prenions seul 40% ou plus du capital. C'est le projet industriel qui est en jeu. Donc nous en tirons les conséquences, plutôt que participer à une opération que l'on ne peut pas accompagner."

La constitution du nouveau Suez doit notamment permettre de répondre aux inquiétudes des régulateurs sur le maintien de la concurrence, en particulier en France.

Selon une source proche de Veolia, un éventuel retrait d'Ardian-GIP n'est cependant pas de nature à remettre en cause le projet d'accord.

"Nous sommes prêts à prendre une participation plus importante si on nous en faisait la demande", a déclaré de son côté un porte-parole du fonds Meridiam qui s'était dit prêt dès l'origine à reprendre seul les actifs de Suez ayant vocation à être scindés après un rapprochement avec Veolia.

Le ministère de l'Economie, qui a salué le compromis trouvé entre Veolia et Suez, n'a pas souhaité faire de commentaire.

(Gwénaëlle Barzic et Bertrand Boucey, édité par Jean-Michel Bélot et Sarah White)