Plus le temps passe plus les chances de voir partir ensemble en séminaire le top management de Veolia et Suez s'amenuisent. Dernier épisode en date dans la bataille que se livrent les deux champions de l'environnement : le projet supposé de Suez de vendre des actifs dans les déchets en Australie et en Grande-Bretagne. De quoi faire voir rouge au PDG de Veolia, Antoine Frérot qui compte bien mettre la main sur une société intacte et non vidée en partie de sa substance.

Ainsi, alors qu'il promettait une proposition de nature à régler "vers le haut" son conflit avec Suez, qu'il détient à 29,9% et dont il souhaite prendre le contrôle, Veolia a prévenu dimanche qu'il engagerait des poursuites en justice contre les administrateurs de Suez qui autoriseraient la cession d'actifs stratégiques.

La réponse de Suez a été aussi tout aussi ironique que la menace de Veolia était violente.

Le groupe explique avoir pris connaissance avec perplexité du nouveau communiqué de menaces de Veolia du 7 mars 2021. Suez rappelle qu'il ne commente pas les rumeurs de marchés.

Il souligne que "le seul projet de démantèlement que nous connaissons est celui que Veolia envisage pour l'avenir de Suez". "Le conseil d'administration veille au respect de l'intérêt social du groupe, avec un objectif de création de valeur et de traitement équitable pour ses actionnaires, de protection de l'intérêt de ses clients et salariés et de ses parties prenantes", ajoute Suez.

Le groupe rappelle encore qu'il dispose d'un plan stratégique, Shaping Suez 2030, "clair et ambitieux, qui a su montrer sa force et son efficience avec des résultats solides publiés dernièrement".

Enfin, Suez précise qu'il propose depuis plusieurs semaines, l'ouverture de négociations afin de trouver une solution respectant son projet industriel, dans les délais les plus rapides. Dans l'intérêt de toutes les parties, Suez réitère cette proposition et appelle Veolia à la retenue et au calme dans sa communication.

Vendredi dernier, le spécialiste australien des déchets Cleanaway Waste Management avait confirmé dans une notification au gendarme boursier australien être en discussions avec Suez pour acquérir son activité locale, tout en précisant qu'elle n'avait aucune certitude sur l'issue favorable des discussions. 

Si l'affaire se concrétisait, il s'agirait d'une cession significative pour Suez, la négociation se faisant sur une base de valorisation de plus de 2 milliards de dollars australiens, soit 1,3 milliard d'euros selon l'" Australia Financial Review ".

Ce montant s'il était confirmé, montrerait que l'offre de Veolia à 18 euros par action (soit 9 fois l'Ebitda) sous valorise Suez alors que cette activité en Australie serait valorisée à 13 fois l'Ebitda.

En attendant, l'AMF, seule autorité compétente en matière d'OPA, doit se prononcer sur la validité de l'offre de Veolia dans un délai non précisé.



Valeurs citées dans l'article : Suez SA, Veolia Environnement