HONG KONG, 19 septembre (Reuters) - Les accords conclus par les promoteurs chinois Sunac et Country Garden avec leurs créanciers ont apporté un certain soulagement au secteur immobilier chinois, mais les perspectives du secteur restent assombries par la faiblesse des ventes de logement.

A la Bourse de Hong Kong, l'action Sunac China Holdings a bondi de 14% dans les premiers échanges mardi, après que les créanciers ont approuvé son plan de restructuration de 9 milliards de dollars de dette offshore, le premier accord de ce type par un grand promoteur chinois.

La valeur a toutefois effacé ses gains pour clôturer en baisse de 4,3%, pénalisée par des informations citant des documents judiciaires selon lesquelles Sunac a demandé la protection de la loi américaine sur les faillites en vertu du chapitre 15.

En vertu du code américain des faillites, cette mesure protège les entreprises non américaines en cours de restructuration contre les créanciers qui souhaiteraient les poursuivre en justice ou bloquer des actifs aux États-Unis.

Cette mesure est considérée comme une formalité procédurale dans les processus de restructuration des grandes dettes offshore.

China Evergrande Group, qui cherche à restructurer un total de 31,7 milliards de dollars de dette, a également demandé la protection du chapitre 15 le mois dernier.

Parallèlement, l'autre promoteur Country Garden, en manque de liquidités, a obtenu l'accord de ses créanciers pour étaler le remboursement d'une obligation onshore, le groupe ayant demandé des extensions de paiement pour un total de huit obligations, ont déclaré mardi deux sources familières avec le sujet.

Ces développements interviennent alors que Pékin intensifie ses efforts pour relancer le secteur immobilier, qui représente environ un quart de la deuxième économie mondiale.

Sunac a déclaré lundi que des créanciers détenant 98,3% de la valeur totale des obligations concernées ont participé au vote et approuvé le plan de restructuration proposé, déjà accepté par certains créanciers en mars.

Le promoteur demandera l'approbation du plan par un tribunal de Hong Kong lors d'une audience prévue le 5 octobre.

Dans le cadre de la restructuration, une partie de sa dette serait échangée contre des obligations convertibles adossées à ses actions cotées à Hong Kong, ainsi que contre de nouvelles obligations assorties d'échéances comprises entre deux et neuf ans.

"Je considère cela comme un élément positif (...) Nous n'avons pas vu beaucoup de progrès sur le marché offshore, cela montre donc qu'au moins certains promoteurs chinois essaient de parvenir à un accord", a déclaré Gary Ng, économiste chez Natixis Corporate and Investment Bank.

Si le plan est mis en oeuvre et si la reprise du marché immobilier chinois peut générer des flux de trésorerie suffisants, les investisseurs seront en mesure de récupérer une partie de leur mise, a-t-il ajouté.

PERSPECTIVES

Alors que Sunac fait partie d'une série de promoteurs chinois qui ont fait défaut sur des coupons obligataires, Country Garden n'a encore manqué aucun versement sur des titres offshore.

Les derniers accords conclus avec les créanciers donneront un peu d'air aux promoteurs chinois et les aideront à éviter le défaut de paiement ou une procédure de liquidation compliquée, mais le succès de ces accords dépendra de la reprise du secteur de l'immobilier.

Certains détenteurs d'obligations offshore disent ne pas avoir beaucoup d'autres options que d'accepter les propositions de restructuration de dette, étant donné que les rendements seraient probablement très faibles s'ils choisissaient de liquider la dette d'un promoteur en manque de liquidités.

Même si Pékin met en oeuvre des mesures pour soutenir le secteur, les prix de l'immobilier ont continué à baisser: les dernières données montrent que les prix des nouveaux logements ont chuté à leur rythme le plus rapide en 10 mois en août, tandis que le déclin des investissements et des ventes dans l'immobilier s'est accentué.

Les mesures de soutien pourraient stimuler une certaine "demande réelle", en particulier avant la saison traditionnelle de vente fin septembre/début octobre dans les grandes villes, observe Betty Wang, économiste chez ANZ en Chine.

"Toutefois, le rythme et l'ampleur d'un tel retournement seront bien moindres que lors des cycles précédents", a-t-elle déclaré dans un rapport publié mardi.

"On peut également se demander si cela donnera le coup d'envoi d'un rebond durable, surtout si l'on considère les perspectives d'emploi incertaines, la détérioration des revenus des ménages, l'attentisme et l'augmentation potentielle de l'offre de logements à long terme." (Reportage Donny Kwok et Xie Yu à Hong Kong, Steven Bian à Shanghai, Kevin Huang à Pékin; rédaction Anne Marie Roantree et Sumeet Chatterjee, version française Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)