Les six plus grandes banques canadiennes ont mis de côté plus de 20 milliards de dollars canadiens (16 milliards de dollars) au cours des trois derniers trimestres pour couvrir les augmentations prévues l'an prochain des prêts douteux, qui sont restés jusqu'à présent proches des niveaux pré-pandémiques, grâce aux reports de paiement et à une série de programmes d'aide gouvernementaux.

Si la plupart des banques sont convaincues que les provisions record qu'elles ont constituées sont suffisantes pour absorber tout pic de créances douteuses, la plus grande préoccupation des investisseurs est de stimuler la demande de crédit dans une économie qui se remet lentement du marasme provoqué par la pandémie.

"Au cours de l'année prochaine, les pertes de crédit reviendront à la normale", a déclaré Steve Bélisle, gestionnaire de portefeuille principal à Gestion des placements Manuvie. "L'accent sera mis sur les revenus (...). Il y a des perspectives positives sur le crédit. Sur les revenus, pas tellement".

La Banque Royale du Canada, la Banque Nationale du Canada et la Banque Toronto-Dominion ont averti que des incertitudes importantes, notamment des niveaux de chômage élevés et le ralentissement du marché du logement étonnamment fort du pays, pourraient poser des défis, en particulier au cours du premier semestre de 2021.

Les banques ont déclaré que la détérioration de l'économie au-delà de ce qui est pris en compte pourrait nécessiter de nouvelles augmentations des provisions.

"Nous avons rendu notre scénario pessimiste encore plus pessimiste et avons augmenté le poids de ce scénario", a déclaré William Bonnell, chef de la gestion des risques à la Banque Nationale, lors d'une conférence téléphonique avec les analystes mercredi. "Nous pensons que le scénario pessimiste tient compte de la trajectoire potentielle sombre de la reprise."

Mercredi, la Banque Royale a mis en garde contre un ralentissement de la croissance des prêts hypothécaires, dans la moyenne des chiffres à un chiffre, et une modération des activités de négociation et de souscription par rapport aux niveaux élevés de l'exercice 2020, parallèlement à une augmentation des défaillances de prêts et des dépréciations en 2021.

Le marché canadien du logement a connu une vigueur surprenante depuis juin - les ventes en glissement annuel ont bondi de 32 % en octobre, tandis que le prix moyen a augmenté de 15,2 % - alors même que l'économie ralentissait et que le chômage grimpait en flèche, sous l'effet d'une demande refoulée et de taux hypothécaires historiquement bas.

"La reprise économique est en grande partie en forme de K en ce moment", a déclaré le directeur financier Rod Bolger à Reuters mercredi.

Mais la Banque Canadienne Impériale de Commerce, le cinquième créancier du Canada, s'est montrée optimiste.

"Nous pensons que (2021) sera une meilleure année pour nous que cette année", avec une expansion plus rapide de son portefeuille de prêts et une croissance positive des revenus nets d'intérêts, a déclaré le directeur financier de la CIBC, Hratch Panossian.

L'indice des banques canadiennes a augmenté de 1,9 % depuis lundi, avant que les créanciers ne commencent à publier leurs résultats, ce qui dépasse le gain de 1,2 % de l'indice de référence des actions de Toronto.

(1 $ = 1,2874 dollar canadien)