Souvent présenté comme l'investissement le plus cynique du marché américain, entre autres parce qu'il revient à profiter directement des incarcérations de masse et de la crise migratoire qui sévit outre-Atlantique, le groupe annonçait avant-hier un refinancement de son crédit permanent à des conditions tout à fait préférentielles. 

Ce bol d'air soulage d'autant plus les actionnaires qu'il vient conclure une séquence heureuse en bourse, avec un cours du titre qui se ressaisit et progresse de 50% depuis ses plus-bas atteints il y a dix-huit mois. Il faut dire que les fondamentaux se dégradaient nettement — les cash-flows diminuaient et la rentabilité chutait malgré un effet de levier maximal. 

Ces développements avaient entraîné une suspension du dividende. Au mois de novembre dernier, on apprenait aussi le départ du directeur général Jose Gordo, resté seulement deux ans aux commandes. Il sera remplacé par Brian Evans, le directeur financier du groupe depuis quatorze ans ; cette nomination est un signal clair envoyé aux investisseurs.  

En sus de l'épée de Damoclès que fait peser le risque d'une nouvelle régulation fédérale, la remontée des taux menaçait de consommer la quasi totalité du profit d'exploitation de Geo. Ce péril écarté, les investisseurs parient à nouveau sur une reprise de la distribution de dividendes.

Ceci explique la récente remontée du cours du titre. La valeur d'entreprise — soit la somme de la capitalisation boursière et de la dette nette — est désormais revenue à un multiple de x15 le profit cash, ou free cash-flow. Il ne serait pas étonnant qu'elle se stabilise à ce niveau. 

A court-terme, c'est-dire au moins jusqu'à la fin de l'année prochaine, la priorité restera sans doute au désendettement. Un bon travail a déjà été accompli à ce niveau, avec un ratio dette nette/EBITDA qui passe de x7 à x3.5 en l'espace de trois ans.