Tokyo (awp/afp) - Le fonds activiste singapourien Effissimo, qui contrôle environ 10% du capital de Toshiba, a dit jeudi qu'il allait voter contre le projet de scission que le conglomérat industriel et technologique japonais doit soumettre à ses actionnaires le 24 mars.

Ce plan de scission en deux entités distinctes "marquerait un tournant à la fois pour la valeur d'entreprise de Toshiba et pour son avenir en tant que société", et ainsi une "erreur de jugement aurait des conséquences irrévocables", a prévenu Effissimo dans un communiqué.

Or, la direction actuelle de Toshiba n'est pas suffisamment solide pour concevoir et exécuter un plan aussi déterminant, estime Effissimo, souhaitant au préalable la constitution d'une équipe dirigeante "digne de confiance".

Toshiba traverse une sérieuse crise de gouvernance depuis l'an dernier, quand son directeur général puis son président du conseil d'administration ont pris la porte face à une révolte des actionnaires, indignés par les manoeuvres douteuses du groupe pour faire voter ses résolutions lors de son assemblée générale ordinaire en 2020.

Sommé par ses actionnaires de générer davantage de valeur, le groupe a proposé en fin d'année dernière un projet de scission à l'horizon 2023-2024, initialement en trois entités, puis désormais en deux, avec des cessions d'actifs supplémentaires au passage.

Le groupe doit soumettre ce plan révisé à ses actionnaires le 24 mars lors d'une assemblée générale extraordinaire. Il ne s'agit que d'un vote consultatif à ce stade du projet, mais un "non" majoritaire serait un nouvel échec calamiteux pour ses dirigeants.

Le deuxième actionnaire de Toshiba, 3D Investment Partners (7,6% du capital), s'oppose également à la scission et va proposer le vote d'une autre résolution le 24 mars afin de pousser le groupe à mieux explorer d'autres solutions.

Le 1er mars, le PDG de Toshiba Satoshi Tsunakawa a quitté de manière inattendue ses fonctions de directeur général, tout en restant président du conseil d'administration, ce qui a été interprété comme un nouveau signe de confusion et de nervosité au sommet du groupe.

Le nouveau directeur général du groupe Taro Shimada, recruté en interne, a été nommé par intérim.

L'influent cabinet de conseil Institutional Shareholder Services (ISS) vient aussi de recommander aux actionnaires de Toshiba de rejeter le plan de scission, selon un rapport de cette firme consulté jeudi par l'AFP.

Les "risques d'exécution associés" ne permettent pas de conclure avec certitude qu'un tel projet serait une meilleure option qu'un rachat du groupe par un ou plusieurs fonds d'investissement, selon ce rapport.

Comme Effissimo, ISS émet des doutes sur la qualité de la direction actuelle de Toshiba: "Le plan est proposé par une direction et un président intérimaires, et un conseil d'administration qui a perdu quatre membres à la dernière AG et qu'il a été incapable de remplacer".

"Chercher à résoudre des problèmes stratégiques avant des problèmes de gouvernance n'apparaît pas comme le meilleur point de départ pour prendre une décision" aussi sensible pour l'avenir de Toshiba, a encore estimé ISS.

afp/buc