PARIS, 21 mars (Reuters) - TotalEnergies a
annoncé mardi avoir revu à la hausse son objectif de baisse
d'émissions de CO2 liées à l'utilisation de ses produits
pétroliers dans le cadre d'une stratégie actualisée que le
groupe soumettra à un vote consultatif de ses actionnaires lors
de sa prochaine assemblée générale.
La compagnie pétrolière et gazière, également très présente
dans les énergies renouvelables, n'a toutefois pas modifié son
ambition en matière de baisse des émissions liées à l'ensemble
des produits utilisés par ses clients à horizon 2030, que des
ONG et certains investisseurs jugent insuffisante.
TotalEnergies a précisé qu'elle visait désormais une baisse
de ses émissions dites de "scope 3 pétrole" de 40% en 2030 par
rapport à 2015, avec -30% dès 2025, contre -30% visés en 2030
précédemment.
Concernant ses installations opérées (scope 1+2),
TotalEnergies cible moins de 38 millions de tonnes de CO2 (Mt
CO2e) en 2025 par rapport à 2015, contre moins de 40 Mt CO2e
précédemment, grâce notamment à un programme d'un milliard de
dollars d'économies d'énergie lancé à l'échelle mondiale pour
2023-2024.
Dans le même temps, le groupe a relevé son objectif de
baisse de l'intensité carbone du mix énergétique vendu à ses
clients de -20% à -25% d'ici 2030 par rapport à 2015, avec une
réduction de 15% dès 2025 (contre -10% précédemment).
TotalEnergies a précisé dans une présentation que les
émissions liées à l'ensemble des produits utilisés par ses
clients au niveau mondial - dites de "scope 3" - devraient
s'établir à moins de 400 Mt CO2 en 2025, contre 410 Mt en 2015,
l'objectif restant également fixé à moins de 400 Mt en 2030.
Le "scope 3" représente environ 91% des émissions totales du
groupe.
TotalEnergies a en outre décidé d'augmenter de 1 milliard de
dollars la part de ses investissements dans les énergies bas
carbone pour les porter à 5 milliards en 2023, sur une enveloppe
prévue entre 16 et 18 milliards.
30% D'INVESTISSEMENTS POUR LES PROJETS PÉTROLIERS ET
GAZIERS
D'ici 2030, le groupe prévoit d'investir de 14 à 18
milliards de dollars par an, dont un tiers dans les énergies bas
carbone et environ 30% dédiés au développement de nouveaux
projets pétrole et gaz, le reste étant consacré à la maintenance
de son portefeuille d'hydrocarbures.
Comme ses concurrents, TotalEnergies est soumis à une
pression croissante de la part d'ONG et de certains
investisseurs qui lui demandent de prendre des engagements plus
précis et contraignants en matière de lutte contre le changement
climatique, en particulier d'ici 2030.
Bien que des militants écologistes emmenés par Greenpeace
aient fortement perturbé son assemblée générale en 2022, les
actionnaires du groupe ont une nouvelle fois largement approuvé
l'an dernier ses objectifs en matière de développement durable
et de transition énergétique vers la neutralité carbone.
La prochaine assemblée générale des actionnaires de
TotalEnergies, au cours de laquelle ils se prononceront à
nouveau sur la stratégie en matière de climat et sur une hausse
de 10% de la rémunération du PDG Patrick Pouyanné après des
bénéfices record en 2022, est convoquée le 26 mai.
Jeudi, le britannique Shell a exclu de se fixer des
objectifs de réduction des émissions liées aux produits utilisés
par ses clients en faisant valoir que cela irait à l'encontre
des intérêts de ses actionnaires et ne contribuerait pas à
atténuer le réchauffement climatique.
(Reportage Benjamin Mallet ; édité par Blandine Hénault)