par Jesús Aguado et Emma Pinedo

MADRID, 10 décembre (Reuters) - Un tribunal de Madrid a ordonné à Santander de verser une indemnisation de 67,8 millions d'euros au banquier italien Andrea Orcel pour avoir retiré l'offre d'embauche faite en 2018 par la banque espagnole pour qu'il devienne son directeur général.

Selon le tribunal, la lettre de proposition d'emploi adressée à Orcel était un contrat de travail juridiquement contraignant, raison pour laquelle Santander devra lui verser une compensation.

"Le contrat a été résilié unilatéralement et arbitrairement par Banco Santander", a dit le tribunal.

"La situation créée par Banco Santander a causé à Andrea Orcel un préjudice moral évident", indique le jugement, daté du 9 décembre mais rendu public vendredi.

La banque espagnole a annoncé vendredi qu'elle ferait appel de la décision.

"Nous sommes en profond désaccord avec le jugement. Le conseil d'administration de Santander est convaincu que nous aurons gain de cause en appel", a déclaré un porte-parole de Santander.

L'équipe juridique d'Orcel a refusé de faire des commentaires.

Santander doit verser au banquier italien une compensation financière de 17 millions d'euros pour une prime d'arrivée, de 35 millions au titre de clause de rachat, de 5,8 millions pour deux ans de salaire et de 10 millions pour préjudice moral et atteinte à sa réputation.

Santander devra également payer les intérêts légaux depuis la date de dépôt de plainte.

Andrea Orcel a intenté un procès à la première banque d'Espagne après le retrait de l'offre d'embauche de Santander il y a près de trois ans, en raison d'un désaccord sur sa rémunération.

L'affaire tourne autour de la question de déterminer si la longue lettre de quatre pages adressée à Orcel en septembre 2018 était un contrat contraignant ou seulement une offre initiale, comme l'a affirmé la présidente de Santander, Ana Botin, lors de la première session de l'audience du tribunal de Madrid en mai.

Santander a déclaré en janvier 2019 ne pas pouvoir répondre aux demandes salariales d'Orcel, qui réclamait le versement de jusqu'à 35 millions d'euros pour compenser la rémunération de 55 millions d'euros qu'il devait recevoir dans les années à venir de la part d'UBS, dont il présidait alors la banque d'investissement. (Reportage Jesús Aguado et Emma Pinedo, version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)