26 avril (Reuters) - Le Kremlin a menacé de saisir davantage d'actifs étrangers en réponse aux mesures prises par les pays occidentaux contre des entreprises russes, mercredi, après avoir pris temporairement le contrôle de deux sociétés européennes.

Le président Vladimir Poutine a signé mardi soir un décret ordonnant la saisie "temporaire" des actifs des entreprises finlandaise Fortum et allemande Uniper en Russie.

Fortum, Uniper, dont la filiale russe Unipro est concernée, et les gouvernements allemand et finlandais ont dit étudier les implications de cette mesure.

Moscou a vivement réagi à des informations de presse selon lesquelles les membres du G7 étudieraient la possibilité d'interdire pratiquement toutes les exportations à destination de la Russie afin de limiter les capacités de cette dernière à poursuivre la guerre en Ukraine.

L'Union européenne étudie de son côté les moyens d'utiliser les avoirs russes gelés sur son territoire pour financer la reconstruction de l'Ukraine.

L'Allemagne a nationalisé l'an dernier une ancienne filiale de Gazprom pour éviter une aggravation de la crise gazière.

"Le décret est une réponse aux actions agressives de pays inamicaux", a commenté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Cette initiative répond à celle des gouvernements occidentaux à l'égard des actifs des sociétés russes."

Le texte signé par Vladimir Poutine "ne concerne pas la question de la propriété et ne prive pas les propriétaires de leurs actifs parce que la gestion extérieure est temporaire et signifie simplement que les propriétaires ne sont plus autorisés à prendre des décisions", a-t-il ajouté.

"Le principal objectif du décret et de constituer un fonds de compensation en vue de l'application d'éventuelles mesures de réciprocité", a poursuivi le porte-parole du Kremlin, qui s'est jusqu'alors employé à convaincre les entreprises étrangères qui n'ont pas encore quitté la Russie à y rester.

Uniper détient 83,73% d'Unipro, qui opère cinq centrales électriques en Russie et emploie 4.300 personnes.

L'Etat finlandais, qui vient de rejoindre l'Otan malgré les mises en garde de Moscou, détient pour sa part une participation majoritaire dans Fortum. Sa filiale russe opère sept centrales thermiques, ainsi que des parcs éoliens et solaires, d'une valeur estimée à 1,7 milliard d'euros fin 2022.

Les deux sociétés cherchent depuis un moment à se retirer de Russie. En février, Uniper a valorisé Unipro à un euro, signe qu'elle n'espère pas pouvoir vendre sa filiale. Fortum avait également dit s'attendre à être expropriée.

L'initiative du Kremlin complique encore la tâche des entreprises qui n'ont pas encore réussi à quitter le marché russe, au risque croissant de tout perdre.

L'allemande Wintershall Dea , qui détient des participations dans plusieurs coentreprises avec Gazprom, a jugé que la politique de Moscou en la matière était devenue "imprévisible" et "pas fiable". (Reportage du bureaux de Moscou, Helsinki et Francfort, version française Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)