Le Business :

Faciliter l’octroi de crédit tout en diminuant à la fois le taux d’intérêt et le risque de défaut. Bien que simple en apparence, cette mission qu’a endossée UpStart n’est autre que celle de toutes les banques. Votre banquier en chemise blanche, cravate bleu anthracite et costume cintré a du souci à se faire. Pour parvenir à l’éliminer, UpStart place l’intelligence artificielle - IA - au centre de son processus décisionnel. Tout se passe sur une plateforme de mise en relation regroupant demandeurs de prêts et banques partenaires - 7 actuellement. En plus de simplifier et de rationaliser le processus de prêts - 67% étaient entièrement digitalisés au Q3 2021- la plateforme UpStart offre toute une palette de services additionnels. Les consommateurs bénéficient de taux d'approbation plus élevés, de taux d'intérêt plus bas et d'une expérience hautement automatisée. Les partenaires bancaires bénéficient quant à eux d'un accès à de nouveaux clients, d'une réduction des taux de fraude et de perte, et d'une automatisation accrue tout au long du processus de prêt. 

Afin de mieux cerner les atouts d’une telle solution, commençons par quelques rappels utiles sur le parcours traditionnel du prêt bancaire.

Historiquement, afin de savoir qui peut se voir octroyer un crédit et à quel taux d’intérêt, les banques utilisaient les scores FICO et FICO+. Quelques questions sur votre situation personnelle et professionnelle, croisées avec vos antécédents bancaires, déterminent si vous êtes apte ou non à recevoir un prêt. Ces modèles d’évaluations de risque client fort simples ne prennent en compte qu’un nombre très limité de variables. Limitant ainsi leur efficacité.

À l’inverse, UpStart s’appuie sur son propre modèle d’évaluation qui repose sur plus de 1 600 variables offrant 9 millions de combinaisons. Ce modèle hautement détaillé permet d’optimiser les frais, réduire la fraude aux revenus, cibler les acquisitions, détecter l'empilement des prêts, prédire les remboursements anticipés, détecter la fraude à l'identité et enfin limiter les défauts de paiement.

Mais est-ce que ça marche réellement ?

Si cette nouvelle méthodologie vous laisse perplexe, étudions quelques données pour nous assurer qu’elle fonctionne réellement. En 2019, le Consumer Financial Protection Bureau CFPB, a signalé suite à une étude commandée par Upstart, que son modèle d'IA approuve 27% d'emprunteurs de plus qu'un modèle traditionnel de haute qualité, avec un TAEG moyen inférieur de 16% pour les prêts approuvés. Deuxièmement, comparativement aux modèles de crédit de plusieurs grandes banques, les modèles d'IA UpStart approuvent environ 2,7 fois plus d'emprunteurs pour un même taux de perte. Enfin, pour les pools de prêts titrisés, les taux de perte réalisés ne représentaient qu'environ la moitié de ceux prédits par Kroll, l’une des plus importantes agences de notation de crédit sur une même période. Impressionnant...

Comment UpStart délivre sa solution ?

Les modèles d’évaluation UpStart sont fournis aux banques partenaires grâce à une application disponible sur le Cloud. Les consommateurs peuvent ainsi être confrontés aux services Upstart et donc souscrire à un prêt de deux façons : soit via Upstart.com, soit via un produit en marque blanche sur les sites web des partenaires bancaires.

L’application Cloud est une plateforme configurable à la guise de chaque banque, leur permettant ainsi de définir sa propre politique de crédit et de déterminer les paramètres importants de son programme de prêt. Aussi, les modèles d'IA utilisent et analysent les données de toutes les banques avec lesquelles collaborent UpStart. Ces données viennent donc accroître la base de l’IA et par conséquent améliorer sans cesse le modèle d’évaluation UpStart. 

Enfin, les prêts émis par le biais de ces plateformes peuvent être conservés par les partenaires bancaires initiateurs, ou distribués à une large base d'environ 100 investisseurs institutionnels - Goldman Sachs, PIMCO, Morgan Stanley - et acheteurs qui investissent dans les prêts alimentés par Upstart. Enfin, les prêts peuvent également être financés par le bilan de la Fintech américaine.

Les Limites :

Jusqu'à présent, Upstart a surtout travaillé dans le domaine des prêts personnels. Il s’agit du plus petit des marchés de crédit, bien qu’il pèse tout de même 84 milliards de dollars aux États-Unis. Certes, UpStart dispose d’un avantage technologique et concurrentiel important pour le moment mais la firme américaine opère sur un marché très encombré. Que ce soit des Fintechs comme LendingClub où des institutionnels ayant développé leurs propres solutions, telles que Marcus de Goldman Sachs, la concurrence est forte et importante. Certaines banques traditionnelles font en outre de l’ombre à UpStart, mais dans une moindre mesure. CitiGroup, JP Morgan et Wells Fargo ont par exemple développé des interfaces de prêts personnels fonctionnant entièrement en ligne. Néanmoins, si l'espace est de plus en plus encombré, UpStart semble tirer son épingle du jeu face à ces mastodontes du secteur. La raison ? Les prêts automobiles. UpStart est le premier acteur à s’attaquer à ce marché bien plus important - 672 milliards de dollars - mais également grandement plus complexe.

Source : Upstart Investors

Les prêts automobiles sont des crédits alternatifs à haut risque. Le gros problème avec ces prêts est qu'il n'y a pas de bonnes façons d'évaluer les emprunteurs. Ce sont des prêts garantis par la valeur de la voiture. Or, en cas de défaut de paiement, une voiture non neuve ne pourra être revendue pour son prix d’acquisition. Pour ces raisons, il n'est pas rare que les emprunteurs subprime obtiennent des taux d'intérêt de 20% ou plus s’ils souhaitent acquérir une voiture. Grâce à sa méthodologie reposant sur une plateforme géante d'apprentissage automatique - IA -, Upstart est parvenu à améliorer l'évaluation des emprunteurs.

Enfin, un point non négligeable est le lien extrêmement avantageux existant entre UpStart et la conjoncture économique actuelle. La faiblesse des taux d'intérêt accompagnée de l’abondance de liquidité actuelle au sein de l’économie, permet aux banques de prêter très facilement. En cas de hausse des taux, le nombre de prêts accordés sera, sans nul doute, bien plus faible qu’actuellement. Ce qui entraînera par répercussion une baisse inévitable des revenus d’UpStart. Le fait que la firme américaine finance certains prêts via son bilan est également un point à ne pas négliger. 

En cas de non-paiement de certains prêts, cela vient directement fragiliser le bilan de l’entreprise. Or, lorsque nous savons que le taux de défaillance grave approchait les 30 % à la mi-2008, une réduction dans le même ordre de grandeur pourrait avoir lieu sur la ligne des prêts du bilan. 

Maintenant, venons-en aux chiffres.

Les Finances :

La publication des résultats trimestriels de l’entreprise cette semaine donne un bon aperçu de ce que signifie être un actionnaire d’UpStart actuellement. En dépit de revenus supérieurs aux attentes, l’action a sombré de 18% mercredi. Cette courte histoire nous rappelle que le titre est pricé pour la perfection, comme c’est souvent le cas avec de telles valeurs de croissance. Venons-en aux chiffres et analysons la publication Q3 d’hier.

Le chiffre d’affaires total du Q3 s'élève à 228 millions de dollars, soit une augmentation de 250% par rapport au troisième trimestre de 2020. Parmi ces 288 M$, 210 M$ proviennent de commissions, soit une augmentation de 235%.

Il s’agit probablement du point le plus important. Cela signifie que 92% du chiffre d’affaires proviennent de commissions de banques ou de services qui ne sont donc pas exposées aux risques de crédit. Un montant qui rassure bon nombre d’investisseurs puisqu’il indique que les activités d’UpStart ne sont pas directement affectées par les risques de défaut.

Pour ce qui est du volume de transactions et du taux de conversion, les partenaires bancaires ont initié 362 780 prêts, totalisant 3,13 milliards de dollars sur la plateforme UpStart. Soit une augmentation de 244% sur un an. Le taux de conversion sur les demandes de taux était de 23% au troisième trimestre de 2021, en hausse par rapport à 15% au même trimestre de l'année précédente. À noter qu’ont été retirées de ce calcul les demandes ayant été identifiées comme probablement frauduleuses.

Source : Upstart Investors

Nous pouvons donc d’ores et déjà conclure que la croissance est bien au rendez-vous. Maintenant, qu’en est-il de la rentabilité de la société ?

Le résultat d'exploitation s'est élevé à 28.6 millions de dollars, contre 12.2 millions de dollars l'année précédente. Le bénéfice net GAAP s'est élevé à 29,1 millions de dollars, contre 9,7 millions de dollars au troisième trimestre de 2020. Le bénéfice net ajusté s'est élevé à 57,4 millions de dollars, contre 12,3 millions de dollars au même trimestre de l'année précédente. Par conséquent, le bénéfice dilué par action GAAP était de 0,30 $, et le bénéfice ajusté dilué par action était de 0,60 $ sur la base de la moyenne pondérée des actions ordinaires en circulation au cours de la période.

Source : Upstart Investors
Source : Upstart Investors

Perspectives financières :

  • Pour le quatrième trimestre de 2021, Upstart prévoit :
  • Un revenu de 255 à 265 millions de dollars.
  • Une marge sur coûts variables d'environ 47%.
  • Un bénéficenet de 16 à 20 millions de dollars
  • Un bénéficenetajusté de 48 à 50 millions de dollars.
  • Un EBITDA ajusté de 51 à 53 millions de dollars.
  • Nombre moyen pondéré d'actions ordinaires d'environ 81,9 millions d'actions.
  • Nombre moyen pondéré d'actions diluées d'environ 96,7 millions d'actions.