L'année 2020 a été terrible pour les valeurs du secteur parapétrolier. Lanterne rouge du SBF 120, Vallourec a vu sa capitalisation boursière fondre de 75% en un an. Le bilan est à peine moins dramatique pour CGG (-72%) et TechnipFMC (-58%). Le secteur a été frappé de plein fouet par la chute de la demande en provenance de ses clients, les compagnies pétrolières, causée par le repli des cours du pétrole. En un an, le cours de l'or noir a chuté de 25% avec la crise économique provoquée par le coronavirus.

Plus globalement, les perspectives du secteur des hydrocarbures semblent structurellement dégradées alors que le monde accélère sa transition énergétique. Les majors comme BP, Shell ou encore Total ont multiplié ces derniers mois les cessions d'actifs dans les énergies conventionnelles pour se renforcer dans les énergies renouvelables, l'électricité et les services.

En situation financière fragile, Vallourec a particulièrement été affecté par la pandémie. Acculé, le groupe a dû se résoudre à abandonner son projet d'augmentation de capital pour annoncer en novembre une restructuration opérationnelle drastique. Le fabricant de tubes sans soudure en acier va supprimer 1 050 postes en plus des 900 déjà annoncés au premier semestre sur près de 19 000 salariés dans le monde. Cette fois-ci, la France est touchée avec 350 postes supprimés et la fermeture de l'usine de Déville-les-Rouen. Le tableau n'a jamais été aussi noir pour l'ex-fleuron industriel français, qui fut membre du CAC 40.

Au troisième trimestre, la société de services pétroliers a vu son chiffre d'affaires chuter de 32% à 716 millions d'euros.

Le résultat brut d'exploitation a reculé de 15,5% à 71 millions, avec une marge de 9,9 %, en hausse de 2 points de pourcentage. Le résultat net part du groupe reste, lui, dans le rouge, avec une perte de 69 millions d'euros, contre 60 millions un an auparavant.

Malgré la virulence persistante de la pandémie, Vallourec a maintenu ses objectifs 2020. Il continue de viser 130 millions d'euros d'économies brutes cette année et la réalisation d'un flux de trésorerie disponible positif au second semestre, incluant une baisse importante du besoin en fonds de roulement.

Le défi est de taille. S'il était positif au troisième trimestre (+35 millions d'euros), il ressort négatif sur neuf mois à - 223 millions, soit plus du double de l'année dernière à la même époque (-117 millions).

Surtout, la dette est devenue insoutenable. Elle s'élevait fin septembre à 2,329 milliards d'euros "avec un ratio du covenant bancaire largement dépassé (taux d'endettement de 128,6% pour une autorisation maximum de 100%) dans le contexte de fort ralentissement des marchés du groupe et de visibilité plus que faible sur ses perspectives de redressement", souligne ce matin Invest Securities.

Pour survivre, Vallourec s'est engagé dans une restructuration financière majeure. Le groupe vise une réduction de sa dette d'un peu plus de 50 % au moyen d'une conversion en capital, diluant donc les actionnaires actuels, alors que le cours en Bourse de l'entreprise a fondu de 98 % en dix ans.

Cette double restructuration, opérationnelle et financière, permettra-t-elle au groupe d'échapper au funeste destin qui lui prédisait Octo Asset Management fin septembre ?
Dans l'une de ses lettres, le gérant de taux estimait que "l'entreprise, spécialisée pour les trois quarts de son chiffre d'affaires dans les tuyaux en acier sans soudure pour aller extraire du pétrole dans les endroits les plus reculés, les plus épargnés par l'homme, les plus purs de la planète, en particulier les fonds marins, est vouée à mourir dans les années à venir au vu des nouvelles normes environnementales qui avancent à grands pas, que ce soit sur le sujet du pétrole ou celui de l'acier, sa matière première… A moins qu'elle ne tente de recycler son savoir-faire pour l'Hyperloop…". Affaire à suivre...