Concrètement, Veeva répond à deux types de besoin des entreprises du secteur de la santé. D'une part, la gestion de leur relation clients (Veeva Commercial Solutions). D'autre part, la gestion de leurs développements cliniques (Vault). A ces deux métiers-cœurs, viennent se greffer différentes solutions comme des outils de communication scientifique, d'analyse de données, d'optimisation ou de contrôle qualité en production.

Les produits Veeva bénéficient d'une reconnaissance assez large dans la profession, ce qui lui garantit une part de marché intéressante dans le domaine du CRM santé, derrière les grands acteurs généralistes et son compatriote IQVIA. Les solutions de suivi des essais cliniques sont, elles-aussi, assez répandues, sans être au niveau des outils commerciaux. La clientèle est composée à 93% de laboratoires pharmaceutiques ou biopharmaceutiques. Le solde se répartit entre medtechs et grande consommation. L'empreinte géographique est majoritairement américaine (58% des revenus), tandis que l'Europe pèse 28% des ventes et le reste du monde 14%.

Le portefeuille de solutions de Veeva, décliné en deux grandes catégories, avec le CRM et la R&D
Le portefeuille de solutions de Veeva, décliné en deux grandes catégories, avec le CRM et la R&D (Source Société)

Veeva a passé la marque du milliard de dollars de chiffre d'affaires en 2019 et celle des 2 milliards de dollars sur le dernier exercice clos fin janvier dernier. Le groupe pense atteindre 3 milliards de dollars en 2025, avec un an d'avance sur ses ambitions initiales. Cette progression s'est accompagnée, jusqu'ici, d'une hausse au moins aussi forte des résultats. La marge opérationnelle n'est pas descendue sous 35% depuis quatre exercices et la génération de cash-flow libre est particulièrement impressionnante. 450 millions de dollars en moyenne chaque année. Comme de nombreuses sociétés technologiques qui ont su trouver leur place, Veeva est assise sur un trésor de guerre conséquent, qui lui garantit à la fois son indépendance et les ressources nécessaires pour alimenter sa croissance interne et, éventuellement, sa croissance externe.

Période Fiscale : Januar 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027
Chiffre d'affaires 1 1 104 1 465 1 851 2 155 2 364 2 733 3 108 3 491
EBITDA 1 440,1 612,3 786,1 859,6 875,2 1 098 1 246 1 429
Résultat d'exploitation (EBIT) 1 412,2 582,8 758,7 830,5 842,5 1 070 1 233 1 424
Marge d'exploitation 37,34 % 39,78 % 40,99 % 38,54 % 35,64 % 39,16 % 39,68 % 40,78 %
Résultat Avt. Impôt (EBT) 1 313,7 394 512,3 509,1 588 787,2 864,9 903,5
Résultat net 1 301,1 380 427,4 487,7 525,7 683,8 758,6 917,6
Marge nette 27,27 % 25,94 % 23,09 % 22,63 % 22,24 % 25,02 % 24,41 % 26,28 %
BNA 2 1,900 2,360 2,630 3,000 3,220 4,126 4,512 5,387
Free Cash Flow 1 433,1 542,6 750,2 767 885,1 1 096 1 215 1 389
Marge FCF 39,22 % 37,03 % 40,54 % 35,59 % 37,45 % 40,09 % 39,09 % 39,78 %
FCF Conversion (EBITDA) 98,41 % 88,62 % 95,44 % 89,22 % 101,14 % 99,81 % 97,51 % 97,18 %
FCF Conversion (Résultat net) 143,82 % 142,78 % 175,54 % 157,26 % 168,37 % 160,22 % 160,16 % 151,37 %
Dividende / Action 2 - - - - - - - -
Date de publication 03/03/20 02/03/21 02/03/22 01/03/23 29/02/24 - - -
1USD en Millions2USD
Données Estimées

On ajoutera une singularité dans le paysage sociétal américain. Veeva est la première société cotée à s'être convertie au statut juridique de "Public Benefit Corporation", en 2021. Elle conserve un but lucratif mais s'impose légalement de préserver un équilibre entre les intérêts de plusieurs parties prenantes (clients, employés, actionnaires…). A ce titre, on peut considérer que l'entreprise va au-delà du greenwashing ambiant en s'imposant des contraintes structurelles, puisque les "PBC" sont légalement tenues de poursuivre leur mission sociale et environnementale, même si cela va à l'encontre des intérêts des actionnaires. Ça ne changera pas le monde d'un claquement de doigt, mais c'est suffisamment rare pour être souligné. Reste à voir si le marché juge que c'est compatible avec ses desseins boursiers.

Pour l'instant en tout état de cause, cela fonctionne. Du côté des multiples financiers, nous sommes, comme souvent dans cette rubrique, face à une entreprise très bien valorisée. Être à la croisée des chemins de la technologie et de la santé avec un rentabilité élevée est le signe d'une certaine rareté, et ce qui est rare est cher. Le dossier pèse 26,5 milliards de dollars à Wall Street, même si l'on est très loin des sommets atteints lors de la bulle des valeurs technologiques en 2021. Pour qui cherche une exposition à long terme à un marché porteur, Veeva est une entreprise bien gérée, très rentable, avec le petit plus de la "PBC".