Zurich (awp) - Vifor Pharma acquiert des droits sur un traitement expérimental en néphrologie du laboratoire clinique californien Angion, moyennant un investissement de 80 millions de dollars. Cette somme comprend un versement immédiat de 30 millions assorti d'une prise de participation dans la structure franciscanaise de même ampleur, ainsi qu'une réserve de 20 millions pour le franchissement de certains jalons de développement.

Le contrat prévoit également d'autres versements d'étapes liés à des objectifs réglementaires et commerciaux susceptibles d'atteindre 260 millions, ainsi que des commissions sur les ventes pouvant s'élever jusqu'à 40% du total. L'ANG-3777 se trouve actuellement au stade de développement clinique avancé (phase III), dont les résultats sont agendés pour la fin de l'année prochaine.

Vifor obtient en échange le droit de commercialisation de l'ANG-3777 - conçu pour imiter l'activité du facteur de croissance des hépatocytes et activer ainsi les fonctions de régénération d'organes - à l'échelle mondiale, Chine, Hong Kong, Taïwan et Macao exceptés. La petite molécule est développée dans les indications contre le retard de fonctionnement de greffon (DGF) et les lésions rénales induites par des chirurgies cardiaques (CSA-AKI).

"Cet accord de licence comble une lacune dans notre portefeuille en néphrologie", a souligné en entretien avec AWP le nouveau directeur général de Vifor, Stefan Schulze.

Le retard de fonctionnement du greffon constitue un effet secondaire grave de transplantation rénale, observée le plus souvent lorsque les donneurs sont des personnes décédées et implique une mise sous dialyse du patient dans les semaines qui suivent l'opération. Les reins peuvent également être endommagés par l'utilisation de pontage cardiopulmonaire lors de certaines opérations du coeur.

Les deux indications cumulées aux Etats-Unis et en Europe représentent selon Vifor et Angion un bassin de patientèle de quelque 125'000 personnes, pour l'essentiel (110'000) souffrant de CSA-AKI. Cette indication à elle seule pourrait faire du traitement d'Angion un moteur de ventes. "Des chiffres d'affaires de l'ordre du milliard de dollars par année sont concevables sur ce marché", a laissé entendre M. Schulze, qui a par ailleurs indiqué viser à l'horizon 2025 un chiffre d'affaires total de plus de 3 milliards de francs suisses.

Les contours financiers de l'opération semblent avantageux, pour peu que le traitement se fraie un chemin jusqu'à la commercialisation, apprécie Vontobel dans un commentaire. Baader Helvea par contre juge les données cliniques présentées jusqu'ici trop lacunaires pour plancher sur le potentiel commercial du traitement.

Toutes proportions gardées, la Banque cantonale de Zurich trace un parallèle entre la concentration de Vifor dans le domaine de la dialyse et de la néphrologie et celle en son temps de Novo Nordisk sur le diabète, qui avait alimenté une croissance dynamique du laboratoire danois. L'établissement zurichois souligne qu'il appartient désormais à Vifor de concrétiser ces prometteuses perspectives.

A 10h31, la nominative Vifor s'appréciait de 2,9% à 118,35 francs suisses, dans un SPI en hausse de 0,66%.

jh/fr/md