Francfort (awp/afp) - Le numéro un mondial de l'automobile Volkswagen voit son chiffre d'affaires progresser notamment grâce à ses ventes en Chine, son principal marché, au moment où la controverse monte sur la dépendance économique de l'Allemagne à l'égard de Pékin.

"Le redressement du groupe en Chine continue de s'accélérer avec une hausse de 26% des livraisons au troisième trimestre", a indiqué vendredi le constructeur.

Grâce à ce marché chinois, le chiffre d'affaires de Volkswagen a progressé au troisième trimestre de 24,2% sur un an à 70,7 milliards d'euros. Et Volkswagen a confirmé ses prévisions dans ce domaine pour l'ensemble de l'année 2022.

Dans le cadre de sa transition vers l'électrique, le groupe a lancé depuis longtemps le pari de développer son activité en Chine, pays en pointe dans la course aux voitures "vertes".

Dernièrement, il a conclu un partenariat entre sa filiale logicielle Cariad et le chinois Horizon Robotics, l'un des principaux fournisseurs mondiaux de plateformes informatiques pour véhicules intelligents, dans le but de mieux cibler le marché chinois.

Débat

L'intensité des relations commerciales entre les deux pays fait toutefois l'objet d'un débat croissant dans le pays, en raison de l'évolution vers l'autoritarisme dont est accusé Pékin par ses détracteurs.

Certains y voient le risque que Berlin fasse la même erreur qu'avec le rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine dans son approvisionnement gazier, qui s'est retourné contre l'Allemagne depuis la guerre en Ukraine.

Le chancelier Olaf Scholz a autorisé cette semaine un investissement chinois controversé dans le port de Hambourg, l'un des plus grands en Europe, tout en réduisant la participation par rapport à ce qui était envisagé au départ, en raison des critiques.

"La Chine est un marché puissant depuis des décennies. Nous nous focalisons sur nos clients chinois mais d'un autre côté, c'est important pour notre activité d'avoir une situation financière robuste et d'être capable de réagir à une crise géopolitique", s'est défendu le PDG du groupe Oliver Blume lors d'une conférence téléphonique.

Le nouveau patron de Volkswagen, qui a pris ses fonctions en septembre suite au limogeage de Herbert Diess, a même mis en garde contre la "montée du nationalisme et du protectionnisme", nouveau "défi auquel l'industrie automobile fait face".

Visite à Pékin

Il a aussi réitéré son intention d'accompagner le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une visite prévue à Pékin jeudi prochain, la première d'un dirigeant européen depuis 2019.

"On m'a demandé de venir et j'irai, car il est important dans le monde d'aujourd'hui de maintenir la communication entre les pays d'écouter nos différentes perspectives", a justifié M. Blume.

Le groupe se réjouit de la reprise des ventes sur le continent asiatique après une période difficile due à la pandémie, aux confinements stricts et aux difficultés d'approvisionnement et de livraisons.

La progression du chiffre d'affaires a été également tirée par les résultats "particulièrement forts" dans sa branche Premium -- qui regroupe les marques Audi, Lamborghini, Bentley et Ducati -- et de Porsche, récemment mise en Bourse, selon le directeur financier du groupe, Arno Antlitz.

Concernant le développement vers l'électrique, en Chine, les livraisons de véhicules électriques ont "plus que doublé" depuis le début de l'année, selon le communiqué.

Mais le total des ventes mondiales dans ce secteur affiche une baisse de 2,3% sur un an.

Comme ses concurrents, Volkswagen a mis les bouchées doubles pour parvenir à la transition vers l'électrique, les jours étant comptés pour les moteurs thermiques en Europe.

Jeudi, l'UE a décidé de la fin en 2035 des moteurs non 100% électriques.

Le patron de Volkswagen a affirmé qu'i n'était pas inquiet: "nous serons prêts", a-t-il dit.

Le numéro un mondial est encore largement devancé par son concurrent américain Tesla.

Malgré tout, le groupe a subi un repli de 26,5% de son bénéfice net au troisième trimestre, à 2,13 milliards d'euros, en raison de charges liées à l'arrêt de sa production en Russie et de l'entrée en Bourse récente de Porsche. En milieu de journée le titre perdait près de 3,8% à la Bourse de Francfort.

afp/rp