PARIS (Agefi-Dow Jones)--Wendel aimerait bien faire entendre sa voix chez IHS. La holding d'investissement française a engagé un bras de fer avec l'opérateur africain de tours télécoms, dont elle détient 19%. Elle a porté plainte le 30 juin contre IHS devant la justice des Iles Caïman, par le biais de son fonds luxembourgeois Oranje-Nassau Développement, selon un document de sept pages que L'Agefi a pu consulter. L'information avait été révélée par l'agence Bloomberg.

La holding désormais présidée par Laurent Mignon reproche à IHS d'avoir refusé d'inscrire à l'ordre du jour de son assemblée générale annuelle du 7 juin une série de résolutions visant à réformer sa gouvernance. Elle y voit une "violation du pacte d'actionnaires conclu par IHS lors de son introduction en Bourse" en octobre 2021, selon un communiqué daté du 28 juin et publié sur son site internet.

Le groupe, interrogé par L'Agefi, souligne que d'autres actionnaires réclament une évolution des règles de gouvernance. C'est le cas du premier actionnaire, l'opérateur mobile sud-africain MTN, qui détient 25,5% du capital. Le fonds activiste américain Blackwells Capital est également de la partie. Au total, des actionnaires pesant 48% du capital d'IHS soutenaient les propositions de résolutions, selon Wendel.

Bataille de gouvernance

"L'objectif des résolutions était d'aligner la gouvernance d'entreprise d'IHS sur les meilleures pratiques des sociétés cotées aux Etats-Unis, de créer un meilleur alignement entre le conseil d'administration et les actionnaires, d'encourager la responsabilité et d'améliorer la perception générale d'IHS par le marché, maintenant que la société est cotée en Bourse depuis plus de 18 mois", explique Wendel dans son communiqué.

Le groupe souhaite qu'un actionnaire détenant au moins 10% du capital puisse convoquer une assemblée générale, et que le seuil permettant de déposer une résolution chez IHS soit abaissé de 30% à 5%. Il veut aussi que les administrateurs voient leur mandat remis en jeu chaque année et puissent être révoqués à la majorité simple de 50% des votes, contre deux tiers aujourd'hui.

Wendel ne compte plus de représentant direct au conseil d'IHS, mais a "désigné" l'ancien patron de Thomson, Frank Dangeard. Le board de la compagnie basée à Lagos comprend dix membres, dont sept indépendants: y siègent notamment son fondateur et directeur général Sam Darwish, et Jeb Bush, ex-gouverneur de Floride.

Dans un communiqué laconique, IHS dit agir "dans le meilleur intérêt de tous ses actionnaires".

Les relations entre IHS et ses grands actionnaires s'étaient tendues avant même la cotation du groupe à New York. La piètre performance de l'action n'a rien arrangé. Depuis son entrée en Bourse à 21 dollars, le titre abandonne 54%. Son concurrent africain Helios Towers, coté à Londres, ne fait guère mieux avec une chute de 46% sur la période. Wendel, qui ne met plus sa participation en équivalence, mais la comptabilise à sa valeur boursière, a enregistré en 2022 une moins-value de 422 millions d'euros sur IHS. Le groupe est en outre lié par une clause de lock-up jusqu'en mars 2024, qui l'autorise à céder au maximum un cinquième de ses titres tous les six mois.

Wendel est entré au capital d'IHS en 2013 et a investi depuis l'origine 830 millions de dollars dans cette participation. Il s'agissait alors de son premier investissement en Afrique. Difficultés au Nigéria, cotation longtemps repoussée, et maintenant une bataille de gouvernance... l'expérience n'aura pas été de tout repos.

-Alexandre Garabedian, L'Agefi. ed: VCA


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July 11, 2023 12:38 ET (16:38 GMT)